Ce jeudi, cinq des membres de l’Eglise de la Scientologie française et ses deux principales structures parisiennes devaient répondre des accusations d’escroquerie en bande organisée et d’exercice illégal de la pharmacie. En octobre 2009, le Celebrity Center et sa librairie SEL avaient été condamnées à de fortes amendes (400 000 et 200 000 euros). Les scientologues, dont Alan Rosenberg le numéro un de l'organisation, avaient écopé de peines de prison allant jusqu’à deux ans avec sursis et 30 000 euros d’amende.
Mais les deux organismes satellites de la scientologie avaient pu néanmoins poursuivre leurs activités. Ils n’ont échappé à la dissolution demandée par le parquet que grâce à un vote surprise de l’Assemblée nationale qui avait rendu impossible la dissolution d’une personne morale pour escroquerie. Tous les condamnés de 2009 ont fait appel du jugement et le procès actuel qui court jusqu’au 1er décembre décidera donc de l’avenir de l’organisation.
Multiples dérives
Considérée comme une religion aux Etats-Unis où elle a été fondée en 1954, la scientologie est une secte dans l’Hexagone comme l’a définie un rapport parlementaire de 1995. Accusée de multiples dérives, la scientologie a déjà été l’objet de plusieurs procès en France où elle revendique 45 000 adeptes. Celui de 2009, et pour lequel elle fait appel, avait prononcé le jugement le plus sévère jamais rendu contre la secte.
Dès l’ouverture du procès ce 3 novembre, les avocats de la scientologie ont demandé à la cour d’appel de Paris un renvoi de trois à six mois des débats arguant de « pressions » qui seraient exercées sur les juges par le pouvoir exécutif. La cour a rejeté la demande sans pour autant faire renoncer la défense de la scientologie qui a ensuite plaidé plusieurs questions prioritaires de constitutionnalité (QPC). La présidente, Claudine Forkel devrait annoncer sa décision demain, vendredi, ou mardi prochain le 8.
De son côté, Maître Olivier Morice, l’avocat de l’Unadfi (association de lutte contre les dérives sectaires), espère quand même que ce procès puisse se tenir alors que la scientologie « cherche à obtenir un report, de façon complètement déplacée et déloyale », juge-t-il. Il faut que ce procès puisse « aborder les méthodes et les techniques de la scientologie qui relèvent de l’escroquerie en bande organisée. Pour nous, a ajouté Me Morice, la scientologie est une entreprise qui a pour principal objectif de capter la fortune de ses adeptes ».
Bataille de procédures
Cette difficulté de procédure est loin d’être isolée. Au moins aussi problématique, les quatre anciens adeptes de la scientologie qui sont à l’origine des plaintes se sont tous désistés, y compris Aude-Claire M. qui avait témoigné lors du procès de 2009, après avoir été indemnisés. Ne restent plus aujourd’hui comme partie civile que l’Unadfi dont la scientologie conteste d’ailleurs la présence et le Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens qui reproche à la scientologie un « exercice illégal de la médecine ». Des prévenus de la secte se voient en effet reprocher d’avoir « prescrit » des vitamines à des adeptes lors de « cures de purification ».
La scientologie est présente dans 150 pays et elle revendique quelque 10 millions d’adeptes dans le monde. Les prises en charge et traitements qu’elle procure à des personnes vulnérables sont tous facturés à des prix très élevés. Des ex-adeptes ont témoigné avoir laissé à la secte des dizaines, voire des milliers d’euros.