Maladie et apocalypse : les fonds de commerces des sectes

La fin du monde est annoncée pour le 21 décembre 2012 ! Cette prophétie fantaisiste se répand. C’est d’ailleurs la 183e fois qu’elle est prédite depuis la chute de l’Empire romain. Mais en France elle ne fait pas sourire la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) : cet organisme public y consacre toute une partie de son rapport 2010, qu’il vient de remettre au Premier ministre ce mercredi 15 juin.  

Effervescence sur internet

En effet, les discours apocalyptiques fleurissent à l’approche de cette date qui se base sur des interprétations du calendrier maya : plus de 2,5 millions de pages internet y sont consacrées d’après le référencement d’un moteur de recherche américain.
Une effervescence prise très au sérieux par la Miviludes qui rappelle « l’horreur des drames que les sectes ont provoqués ces dernières années par leurs discours extrêmement anxiogènes ».

Suicides collectifs

« Qui ne se souvient de la tragédie de l’Ordre du Temple Solaire ? », demande le président de la Miviludes, Georges Fenech. En 1995, seize membres de cette secte avaient été immolés sur le plateau du Vercors en Isère. En France, en Suisse et au Canada, plus de 70 personnes se sont suicidées entre 1994 et 1997, convaincues qu’à l’approche de l’Apocalypse, elles pourraient atteindre un lieu de pureté représenté par l’étoile Sirius : « un lieu où résideraient des êtres de lumière ».

Le rapport rappelle également d’autres suicides collectifs : 914 membres du « Temple des Peuples » s’étaient donné la mort au Guyana en 1978, 39 adeptes de la « Porte du Paradis » s’étaient suicidés en Californie en 1997.

Prévenir, informer et empêcher les emprises mentales

Selon Georges Fenech, des événements comme des pandémies et des catastrophes naturelles, comme les récents tremblements de terre au Japon sont présentés par des sectes comme les signes précurseurs de la fin du monde. Il souligne le rôle de la Miviludes de faire barrage contre ce discours anxiogène, de prévenir, d’informer et d’empêcher qu’il y ait des emprises mentales sur des gens.

A ce titre, la Miviludes prône une meilleure sensibilisation des services de l’Etat, une plus grande surveillance des groupuscules inspirés par ces prédictions apocalyptiques, un contrôle sur internet et une plus grande coopération internationale de surveillance.

Maladies, manne des charlatans

Autre thème soulevé par ce rapport 2010 : les fausses thérapies, et en particulier celles supposées traiter le cancer.
La Miviludes distingue les « Pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique » (les PNCAVT) de certaines méthodes reconnues pour compléter la chimiothérapie et la radiothérapie. En effet, l’acupuncture ou l’auriculothérapie peuvent s’associer au traitement classique du cancer pour en atténuer les effets secondaires.
En revanche, concernant les PNCAVT, la Miviludes appelle à la plus grande prudence.
Cela va du décodage biologique à la cure de jus de citron à haute dose, en passant par l’absorption de l’urine ou l’étude de l’iris par un iridologue : « une véritable industrie et un marché porteur pour tous les charlatans qui ont très bien compris l’intérêt pour eux d’investir ce champ », prévient la Miviludes. Le malade est alors engagé dans un processus d'enrôlement et devient « un adepte soumis à un véritable racket ».

Pour plus d’informations :
http://www.miviludes.gouv.fr/

 

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