Avec notre envoyé spécial à Toulouse, Alain Renon
Une salle comble et une heure de retard. Le temps d’accueillir les parties civiles venues par centaines pour « un procès d’exception », comme l'a qualifié le président de la cour d’appel Bernard Brunet à l’ouverture des débats ce jeudi 3 novembre. Comme en première instance, les audiences sont filmées et les 1 100 personnes présentes peuvent donc suivre les débats sur quatre écrans géants.
« J’en mesure pleinement l’importance et la solennité, l’émotion et les attentes qui sont les vôtres, les responsabilités qui m’incombent », a déclaré le magistrat. Des mots forts et justes tant il est vrai que dix ans après, victimes, familles de disparus et sinistrés veulent comprendre ce qui a bien pu les projeter le 21 septembre 2001 au matin dans le cauchemar. L'explosion de l'usine de produits chimiques avait alors fait 31 morts, plus de 2 500 blessés et des dégâts considérables dans la « ville rose » et ses environs.
La plupart d’entre eux veulent surtout entendre enfin prononcer des sanctions pénales pour négligences à l’encontre des patrons d’AZF, et aussi de Total, la maison-mère, et de son PDG de l’époque Thierry Desmarets, à nouveau cités à comparaître pour homicides et blessures involontaires. Ce sera l’une des premières décisions de ce procès sans doute qui, avant d’entrer dans le fond du dossier, a entamé la fastidieuse énumération des 2 600 parties civiles et près de 200 témoins devant une salle dissipée.
Et en fin d‘après-midi, le public et les parties civiles - pour beaucoup immigrés, habitants des quartiers populaires du sud de la ville, les plus meurtris par l’explosion - ont commencé à quitter la salle.