Affaire Karachi : un coup de téléphone suspect entre Brice Hortefeux et Thierry Gaubert

Après les mises en examen de Thierry Gaubert et de Nicolas Bazire, les enquêteurs de la division nationale d’investigations financières et fiscales (DNIFF) disposent d’éléments très compromettants pour Brice Hortefeux, ancien ministre de l’Intérieur, chargé à l’UMP de la prochaine campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Le volet financier de l’affaire de Karachi pourrait faire une nouvelle victime dans les rangs des sarkozystes.

C'est une conversation téléphonique interceptée par la police qui l'indique : Brice Hortefeux, ancien ministre de l'Intérieur, a manifestement eu accès au dossier de l'instruction menée par Renaud Van Ruymbeke sur le financement de la campagne d'Edouard Balladur en 1995.

Le 14 septembre 2011, Brice Hortefeux appelle son ami Thierry Gaubert. Il s'agit d'un autre proche du chef de l’Etat, d'ailleurs mis en examen mercredi dernier pour recel d'abus de biens sociaux dans le cadre de la même enquête. « Elle balance beaucoup apparemment, Hélène », s'inquiète Brice Hortefeux sur son portable. Hélène, princesse de Yougoslavie est l'ancienne épouse de Thierry Gaubert.

Lors de sa déposition devant le juge, supposée tenue secrète, elle a décrit les voyages en Suisse qu’aurait faits son époux en 1995, pour, prétend-elle, rapatrier des fonds remis ensuite au directeur de la campagne d'Edouard Balladur. « Qu’est-ce que tu as comme infos là-dessus, toi, parce qu’elle me dit qu’elle ne dit rien ? », s’inquiète Thierry Gaubert en ligne avec Brice Hortefeux. « Il y a beaucoup de choses. Elle sait. Elle était beaucoup au courant de tes activités », lui répond l’ex-ministre de l’Intérieur.

Interrogé ce matin par l'Agence France Presse, l'ancien ministre dément avoir eu accès au dossier d'instruction et assure avoir eu vent de l'audition d'Hélène de Yougoslavie par la presse. Mais le nom de l'ex-épouse de Thierry Gaubert qui apparaît régulièrement dans les magazines mondains, n'a pas été publié dans le cadre de cette affaire avant le 22 septembre, soit une semaine après le coup de téléphone surpris par la police.

L'opposition dénonce ces coups de téléphone de l'ancien ministre de l'Intérieur. François Hollande, candidat à la primaire socialiste, déclare qu'il n'accepte pas les interférences du pouvoir sur la justice et demande au parquet d'ouvrir une enquête.

Partager :