A la sortie du tribunal, ses premiers mots sont allés à sa famille qui vient d'endurer « six années d’épreuves ». Ceux qui ont suivi étaient manifestement empreints de plus de rancune. « Rappelons-nous que cette affaire a été initiée (...) à la veille de l'élection présidentielle de 2007. Comme j'aimerais que cela puisse servir de leçon pour la présidentielle de 2012 », a ainsi déclaré Dominique de Villepin, comme pour s’attirer de meilleurs augures.
Car pour l’heure, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac peut à nouveau regarder vers l’Elysée. Sans pour autant pavoiser, lui que les derniers sondages créditent d’à peine 2% à 4% des intentions de vote. Mais il est à nouveau capable de peser à droite, à sept mois de la présidentielle. Cela fait-il de lui l’homme à abattre, comme le sous-entend son avocat, Olivier Metzner ? Ou celui qu’il faut ramener dans ses filets, comme l’espère Jean-François Copé, le patron de l’UMP ?
Pour le défenseur de l’ancien Premier ministre, il ne fait aucun doute que certaines personnes ont intérêt à ce que son client reste abonné aux palais de justice. Les récentes révélations de l’avocat Robert Bourgi -selon lesquelles Dominique de Villepin, comme Jacques Chirac, auraient perçu plusieurs millions de dollars de la part de chefs d’Etat africains entre 1995 et 2002- seraient à comprendre en ce sens. A l’issue du verdict, Olivier Metzner s’est emporté : « On a le sentiment, aujourd’hui, de revivre une seconde affaire Clearstream ». Et à demi-mots, de suggérer une opération téléguidée depuis l’Elysée : « Je rappelle que Monsieur Bourgi (…) était collaborateur de M.Sarkozy, il y a encore un mois. Donc je m’interroge ».
Villepin courtisé
Pourtant, à droite, les appels du pied ont commencé, à l’image d’un Jean-François Copé louant les qualités de « réflexion » de celui qui se retrouva, tour à tour, à la tête du ministère des Affaires étrangère, de celui de l’Intérieur puis de Matignon, entre 2002 et 2007. Mais le patron de l’UMP espère surtout que Dominique de Villepin amènera sa « sensibilité ». Car dans le sillage de ce dernier, c’est un pan de l’électorat chiraquien qui pourrait faire défaut à l’actuelle majorité au premier tour de l’élection présidentielle.
Mais si la porte reste « toujours grande ouverte », il faudra, pour les deux parties, faire fi des déclarations acerbes de l’ex-Premier ministre à l’encontre du chef de l’Etat depuis un an. En novembre 2010, il allait jusqu’à qualifier Nicolas Sarkozy de « problème » pour la France. Si les deux hommes se sont revus depuis, l’affaire Bourgi pourrait donner lieu à de nouvelles passes d’armes.
Une alliance au centre?
Les soutiens de Dominique de Villepin, eux, sont clairs : conforté par le verdict de ce mercredi, il va « y aller ». A la tête de son mouvement République solidaire, créé le 19 juin 2010, il dispose d’une vitrine électorale, mais ne compte que peu de soutiens dans la classe politique. En avril dernier, même son porte-parole, le député de Dordogne,Daniel Garrigue, avait quitté le navire, mécontent d’apprendre que son chef comptait inscrire un « revenu citoyen » de 850 euros au programme du parti, sans aucune concertation.
Reste l’option d’une alliance avec les candidats du centre. Mais avec lequel ? Avec lesquels ? Au début du mois de septembre, un axe Bayrou-Villepin semblait se dessiner, suite à une interview donnée au quotidien Libération, dans laquelle l’ancien Premier ministre louait l’analyse de la crise faite par le président du MoDem. Le centre, un eldorado pour Villepin ? Il y a un an, la question avait déjà été posée dans l’optique de former un groupe parlementaire à l’Assemblée : dragués par les Villepinistes, le Nouveau centre d’Hervé Morin et les responsables du MoDem avaient fini par décliner la proposition, ces derniers jugeant notamment l’ex-Premier ministre encore trop proche du pouvoir. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts.