Affaire Bettencourt: l'une des juges accuse Sarkozy

Isabelle Prévost-Desprez, l'une des juges dans l’affaire Bettencourt, aujourd’hui dessaisie, révèle qu’un témoin a vu Nicolas Sarkozy se faire remettre de l’argent en liquide par la milliardaire. Dans un ouvrage à paraître demain, jeudi 1er septembre 2011, la magistrate dit aussi avoir été frappée par la peur des témoins qu’elle a eu à entendre au cours de l’instruction. L’Elysée, interrogé par l’AFP, récuse ces accusations alors que le Premier ministre, François Fillon, dénonce des « allégations » sans fondement. 

Le livre signé par deux journalistes et intitulé Sarko m’a tuer revient un an après sur l’affaire Bettencourt, un scandale politico-financier autant que familial, qui a fait les unes de toute la presse française durant l’été 2010. Une des juges qui a instruit un volet du volumineux dossier, Isabelle Prévost-Desprez, y relate, sans retenue, ce qu’elle a pu entendre au cours des audiences des témoins. Ainsi, elle rapporte qu’un témoin, l'infirmière de la milliardaire, a dit à sa greffière, après son audition, « avoir vu des remises d’espèces à Nicolas Sarkozy » en 2007 avant qu’il ne soit élu président de la République. 

Questionné par l’AFP sur ces révélations, l’Elysée a formellement démenti : « Ce sont des allégations scandaleuses, infondées et mensongères ». Déjà à l’été 2010, un autre témoin entendu dans le cadre du dossier Bettencourt, la comptable de la milliardaire cette fois, avait évoqué avoir assisté à des remises d’enveloppes à des hommes politiques et le nom de Sarkozy avait alors circulé.

La peur des témoins

Quelque temps après, rapporte le quotidien Libération, la comptable de Liliane Bettencourt s’était rétractée en affirmant « n’avoir jamais dit que des enveloppes étaient remises régulièrement à M. Sarkozy ». La juge Prévost-Desprez insiste également sur la peur qu’elle a perçue chez les témoins qu’elle a pu entendre : « La peur de parler sur procès-verbal à propos de Nicolas Sarkozy »…

Dans l’ouvrage Sarko m’a tuer, la juge Isabelle Prévost-Desprez, alors vice-présidente au tribunal de grande instance de Nanterre, raconte également ses démêlés avec le procureur Philippe Courroye ainsi que les pressions répétées dont elle a été l’objet avant de se voir retirer le dossier à l’automne 2010.

Selon la magistrate, « ce procès représentait pour l'Elysée un risque majeur, il y avait 90% de chances pour que ce soit déflagratoire. Il fallait me faire dessaisir, par tous les moyens. Il était impératif de me débarquer ». 

Réactions

La socialiste Martine Aubry, candidate à la primaire de son parti en vue de la présidentielle de 2012, a immédiatement dit souhaiter l'ouverture d'une enquête sur les propos de la juge alors que François Hollande déplorait qu'il y ait « trop de pression » de l'Elysée sur la justice.

De son côté, la porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse a estimé que « quand on a des accusations à porter, on ne les porte pas dans un livre ou dans la presse, on les porte devant la justice ».

Le patron du parti présidentiel UMP, Jean-François Copé, a pour sa part relevé que l'« on est à quelques mois de l'élection présidentielle » et a estimé qu'« il ne faut être dupe de rien ».
 

 

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