Discrimination à l'embauche : vers la fin du CV anonyme ?

Pour lutter contre les discriminations à l'embauche, le curriculum vitae anonyme semblait une bonne idée, mais il génère en fait encore plus d'inégalité. C'est ce que révèle une étude menée conjointement par le Pôle emploi et le CREST, le Centre de recherches en économie et statistiques. La bonne idée, qui n'en n'était pas une, a toutes les chances d'être enterrée.

La loi sur l'égalité des chances de mars 2006 prévoyait une généralisation des CV anonymes dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés. Mais cette disposition n'est jamais entrée en vigueur, faute de décret d'application. Il y a d’ailleurs peu de chances qu'elle le soit un jour. En effet, le gouvernement avait demandé à Pôle emploi de vérifier l'intérêt d'une telle mesure, et les résultats de l'enquête menée sur une année par le Centre de recherches en économie et statistiques, le CREST, ne sont guère concluants.

Au lieu d'accélérer l'embauche des candidats issus des minorités ou habitant des zones défavorisées, les CV anonymes se retournent contre ces derniers. Ils n'ont plus qu'une chance sur 22 de décrocher un entretien, contre une chance sur 10 quand les candidatures sont nominatives. Les employeurs potentiels déclarent en effet que les CV anonymes nuisent à la confiance réciproque nécessaire à une embauche ; ils y voient aussi une atteinte à leur liberté de choix.

Autrefois ardent défenseur des CV anonymes, le commissaire à la Diversité et à l'égalité des chances, Yazid Sabeg en est lui-même revenu. Il conseille désormais de s'en servir comme un moyen de recrutement parmi d'autres, sans en faire pour autant une obligation légale.

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