C'est une enquête pénale, classique mais collégiale, confiée à trois magistrats de la Cour de cassation, la plus autorité judiciaire nationale. « Une commission d'instruction » propre à la Cour de justice de la République, seule instance à pouvoir juger des ministres pour des faits commis dans l'exercice de leurs fonctions, va donc examiner le règlement du long conflit financier entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais. Ce différend est né de la revente juteuse en 1993 d'Adidas, auparavant propriété de l'homme d'affaires, par la banque publique.
En 2008, une cour arbitrale privée avait tranché en faveur de Tapie, lui octroyant sans doute au final quelque 200 millions d'euros. C'est Christine Lagarde, alors ministre de l'Economie, qui avait opté un an plus tôt pour cet arbitrage alors que la voie judiciaire s'annonçait favorable à l'Etat. Christine Lagarde avait également refusé de contester le jugement contre l'avis de ses services.
L'ancienne ministre sera évidemment entendue et peut-être même mise en examen au cours de cette instruction qui peut aussi bien déboucher sur un non-lieu que sur un procès. Les deux accusations sont passibles de dix ans de prison.