La plaidoirie la plus attendue était bien entendu celle d'Eric Dupond-Moretti, célèbre avocat du barreau de Lille, arrivé tardivement sur ce dossier et connu pour sa grande pugnacité. Réputé pour impressionner les prétoires, Eric Dupond-Moretti a paradoxalement commencé sa plaidoirie en confessant sa peur. Peur de ne pouvoir contrer un verdict joué d'avance, surtout après le réquisitoire des avocats généraux. Selon l'avocat lillois, ces derniers ont tout simplement condamné Yvan Colonna à la « mort civile », sans rien argumenter.
Un dossier particulier
S'adressant directement à la Cour, Eric Dupond-Moretti a déclaré à sa sortie de l’audience : « C’était un dossier particulier dans lequel, forcément, s’exerçaient un certain nombre de pressions. Bien sûr il y a des magistrats (qui sont) sensibles aux pressions mais d’autres (sont) suffisamment indépendants pour être loin de ces contingences ». Selon l'avocat d'Yvan Colonna, l'enquête a été bâclée et orientée ; des éléments à décharge ont disparu ; la parole des membres du commando a été sacralisée alors qu'elle était ouvertement mensongère.
« Si, par le passé, il y avait eu quelques coups d’arrêt judicaires aux libertés prises par la police avec la procédure pénale, nous n’en serions pas là », a souligné Me Dupond-Moretti. En clair, selon lui, policiers et juges d'instruction ont manqué à leur devoir. « On ne peut pas tout faire, même quand on est en matière de terrorisme », a-t-il insisté. Faute d'éléments matériels probants, les magistrats professionnels vont-ils innocenter Yvan Colonna ? C'est ce que leur demande Me Eric Dupond-Moretti, comme un défi pour sauver son client et restaurer l'honneur de leur profession.