En France, Liliane Bettencourt pourrait être placée sous curatelle

Querelles de gros sous, suite, au sein de la famille Bettencourt. Six mois après un « accord de réconciliation » censé mettre un terme à des années de brouille judiciaire, la fille unique de Liliane Bettencourt demande à nouveau la mise sous curatelle, voire sous tutelle, de sa mère, qui serait victime, selon elle, d'abus d'influences. Un soupçon que renforce l'avis médical, sollicité par une juge des tutelles des Hauts-de-Seine où réside la richissime héritière du groupe L'Oréal.

Pour ce qui est du volet médical du « dossier », il semble ne plus y avoir de doute : Liliane Bettencourt, 88 ans, souffre d'une « maladie cérébrale », avec « altération conjointe des facultés mentales et physiques ». Voilà ce qu’écrivent les trois médecins, désignés en novembre 2010 par la juge des tutelles de Courbevoie (Hauts-de-Seine), médecins qui n'ont pas pu examiner directement la vieille dame mais qui ont eu accès à son dossier médical.

En d’autres termes : la multimilliardaire n’est plus à même de gérer seule ses intérêts. Les trois experts recommandent donc sa mise sous protection « dans les actes de la vie civile, tant patrimoniaux qu’à caractère personnel » et suggèrent « une curatelle renforcée ». Soit une assistance et un contrôle de ses actes civils, mais pas jusqu'au point de la représenter systématiquement (état de mise sous tutelle). Son droit de vote, par exemple, ne serait pas concerné.

Ces conclusions ont été communiquées fin mai 2011 à la magistrate et transmises, début juin, à Françoise Bettencourt-Meyers. Au moment où celle-ci relançait la demande de protection de sa mère, phagocytée, selon elle, par une poignée de soignants et conseils. Parmi eux : son avocat d'affaires, Pascal Wilhelm, désigné mandataire des biens de l’héritière de L’Oréal, dans l’accord de réconciliation intervenu, quelques semaines auparavant entre les deux femmes et scellé avec le concours de… Me Wilhelm !

Une « maladie cérébrale d’origine mixte »

Le 17 décembre 2010, dans le cadre de ce « pacte » mère-fille, Liliane Bettencourt avait accepté de se soumettre à un examen médical, pratiqué par le docteur Christophe De Jaeger, qui avait relevé une nette altération de ses « fonctions cognitives », en raison d’une « maladie cérébrale d’origine mixte ». Mais le gériatre n’avait pour autant pas jugé nécessaire, à l’époque, de réclamer un placement sous curatelle ou tutelle.

La question se pose donc désormais. Peut-être en raison d’une aggravation de l’état de santé de la multimilliardaire. Et parce que l’enjeu financier pèse la bagatelle de 13,6 milliards d’euros, estimation de la fortune personnelle de Mme Bettencourt mère. Sans compter son mandat d’administratrice du groupe L’Oréal. Mais répondre à cette question n’a rien d’une évidence. D’abord pour la juge des tutelles, qui a dû se tourner vers la Cour de cassation pour savoir si la demande de mise sous protection relancée le 7 juin 2011 par Mme Bettencourt-fille est recevable ou non, cette dernière s’étant désistée en mars, conformément à l’accord passé avec sa mère.

La plus haute instance judiciaire française doit rendre son arrêt le 20 juin. Si elle valide la procédure médico-judiciaire, il faudra encore savoir à qui confier le mandat de gestion et de contrôle des biens de la 17e fortune mondiale.

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