Cette explication, nul doute qu'Yvan Colonna l’attendait depuis longtemps, lui qui a écouté Pierre Alessandri sans bouger d'un cil pendant cinq heures. Soudain, ce dernier se braque. Lassé des questions de l'accusation, il refuse de répondre désormais à l'avocat général.
Le temps s'étire. La défense enrage, le président tempère, quand tout à coup, c'est Colonna qui se lève et qui prend la parole. Et là, en pleine cour d'assises, les deux hommes se font face. Ils vident leur sac. Il y a eu manifestement entre eux un grand malentendu.
Alessandri croyait que le discours radical de Colonna le conduirait à se joindre aux actions prévues, c'est à dire les actions violentes. De son côté, Colonna n'était pas prêt à franchir le pas. C'est pour cette « lâcheté », parce qu'il lui en voulait profondément, que Pierre Alessandri l'a donné à la police.
Pour d'autres raisons aussi : parce qu'à l'époque, il n'assumait pas encore à titre personnel le fait d'avoir tué le préfet, parce que Colonna avait fait le choix de la cavale et parce qu'il est toujours plus facile d'accuser un autre.
Yvan Colonna s'inquiète : « mais la rumeur, tu y as cru, toi, que je pouvais être un informateur ? Non, ça jamais, rétorque Alessandri. N'empêche, je me suis trompé sur ton compte... »