Nous y voilà, au cœur de la complicité de dénonciation calomnieuse reprochée à Dominique de Villepin. Et elle pèse lourdement quand la cour évoque les notes et verbatim du général Rondot sur le 19 juillet 2004. Ce jour-là, le haut-gradé est convoqué par le ministre, passé à l’Intérieur depuis leur précédente rencontre six mois plus tôt.
Six mois et dix jours précisément pendant lesquels il a enquêté. Et c’est avec une certitude qu’il se présente cette fois : les listings sont des faux. Il le dit au ministre qui lui annonce de son côté la mobilisation de la DST, mais lui demande aussi s’il y a quelque chose du côté de Nicolas Sarkozy et lui confie également une inquiétude : « Si nous apparaissons, le président de la République et moi, nous sautons ». Rondot note la phrase. Villepin en conteste les termes et en appelle au climat de l’époque : « L’affaire est dans la presse et il y a danger pour la stabilité de l’Etat parce que la rumeur court que Jacques Chirac et moi en sommes les instigateurs ».
Mais personne ne prévient la justice de l’essentiel, ce que lui envoie le corbeau, Jean-Louis Gergorin, n’est que pure manipulation. Ces envois vont se poursuivre jusqu’au 4 octobre 2004. Dominique de Villepin se défend de toute abstention coupable. Il assure n’avoir eu de certitudes qu’à la mi-octobre et s’étonne à nouveau qu’on le soupçonne, alors que sa collègue de la Défense, Michèle Alliot-Marie, en savait autant que lui et qu’elle n’a, elle non plus, rien entrepris.