Cantonales: victoire de la gauche

Selon un décompte partiel du ministère de l'Intérieur, le Parti socialiste arrive en tête du second tour des élections cantonales avec plus de 35 % des voix, devant l'UMP, plus de 18%. Le Front national est crédité de plus de 10%. Mais les électeurs eux ne se sont pas plus mobilisé pour le second tour. Le taux d'abstention avoisine les 55%. Une forte abstention donc qui révèle le mécontentement des électeurs et surtout, le discrédit du personnel politique dans l'opinion publique française.

Visiblement le sursaut citoyen espéré n’a pas eu lieu. L’abstention reste massive lors de ce second tour. Au premier tour environ 56% des électeurs avaient boudé les urnes c'était un record. Et ce dimanche 27 mars, les estimations ne font état d'aucun progrès notable. L’UMP et le PS n’ont donc pas réussi à mobiliser. Cette abstention traduit un inquiétant désintérêt pour la politique à un an de la présidentielle. Les sondages le montrent : les Français considèrent que leurs élus sont trop éloignés de leurs préoccupations quotidiennes.

Cette forte abstention traduit également la méconnaissance du rôle des institutions locales. Beaucoup d'électeurs ignorent le champ de compétence pourtant large des conseillers généraux et la campagne de ce second tour n’a pas aidé à clarifier les enjeux du scrutin, puisque le débat sur l’attitude à adopter face au front national a quasiment occulté toutes les autres questions.

L’abstention favorise les extrêmes

Traditionnellement une abstention forte favorise les extrêmes. La progression du Front national est un autre point clé de ce scrutin.

Le Front national n’a aucun conseiller général sortant et espère bien à l’issue de ce deuxième tour enlever ses premiers sièges. Le parti d’extrême droite qui a obtenu un peu plus de 15% des voix au premier tour est présent ce dimanche dans plus de 400 cantons. 126 duels l’opposent à l’UMP et il est seul face au Parti socialiste dans plus de 266 cantons où Marine Le Pen entend ravir les voix de la droite traditionnelle.

Pour la présidente du Front national, il s’agit de faire la démonstration que son parti est une alternative crédible, que le verrou psychologique qui empêchait les transferts de voix entre les partis de droite traditionnels et le FN a sauté. En un mot : que le vote FN n’est plus tabou. Et Marine Le Pen qui ambitionne de figurer au deuxième tour de l’élection présidentielle compte bien faire de ce scrutin un tremplin pour sa candidature à l’Elysée.

La candidate du FN risque de bénéficier de la confusion affichée au sein de la majorité sur l’attitude à adopter face à son parti.

Confusion voire cacophonie…

Aucune consigne de vote n’a été donnée aux électeurs de l’UMP et notamment à ceux confrontés pour ce second tour à une alternative PS/FN. Cela a créé de fortes tensions au sein de la majorité. Nicolas Sarkozy a refusé de diaboliser l’électorat frontiste. Le président de la République a rompu avec la tradition gaulliste en édictant la stratégie du Ni-Ni : ni alliance avec le FN ni front républicain contre le FN… mais ce choix a été désavoué par les centristes et même écarté à titre personnel par plusieurs membres du gouvernement.

Le Premier ministre s’est lui-même démarqué de la position de l’Elysée en début de semaine en appelant à voter contre le FN avant de rectifier le tir devant le désarroi créé par cette mésentente au sommet de l’exécutif. Résultat, l’électeur UMP n’est pas fixé sur sa conduite. Et les déchirements de la majorité sur l’attitude à adopter face au FN risquent de peser lourd dans les urnes. D’autant plus que la rhétorique du Front national s’est également imposée dans les discours au sein de la majorité et que la frontière entre la droite et l’extrême droite peut désormais paraitre floue aux yeux de nombreux électeurs.

Partager :