Les électeurs vont-ils se déplacer pour aller voter lors du deuxième tour des élections cantonales ? C’est l’une des grandes inconnues de ce scrutin. Après un premier tour marqué par une très forte abstention, près de 56% des Français inscrits sur les listes électorales ont préféré rester chez eux, il est clair que la participation sera l’un des éléments déterminants du résultat final.
Dans l’entre-deux tours, tous les responsables politiques ont d’ailleurs invité les Français à se rendre aux urnes. Chacun espérant en tirer bénéfice. Le Parti socialiste, en tête à l’issue du premier tour où il a remporté près de 25% des voix, veut mobiliser pour transformer l’essai et améliorer son score (la gauche dirige déjà 58 conseils généraux). L’UMP qui n’a obtenu que 17% des voix voudrait limiter la casse. Mais surtout le Front national, qui a réalisé une percée inédite en totalisant 15% des voix, alors qu’en 2008 il n’avait obtenu que 4,9%, voit dans les abstentionnistes un vivier où trouver les réserves pour obtenir quelques élus.
Faire voter les abstentionnistes
Présent au deuxième tour dans plus de 400 cantons, le parti de Marine Le Pen qui n’a aucun sortant se trouve, en effet cette fois-ci, en situation d’avoir des conseillers généraux. Certains de ses candidats sont arrivés largement en tête lors du premier tour. Ainsi, Louis Aliot, vice-président du FN et compagnon de Marine Le Pen, a réalisé 34,61% des voix dans le 9e canton de Perpignan. Il se retrouve au deuxième tour face à la candidate socialiste, Toussainte Calabrese, arrivée loin derrière avec seulement 18% des suffrages.
Le candidat UMP est éliminé et Louis Aliot espère bien récupérer une partie de ses voix. Le Front national a aussi réussi à devancer l’UMP au premier tour, comme dans le dixième canton de Nice, où aura donc lieu au deuxième tour un duel UMP/FN, comme dans près de 90 autres cantons. Cette situation rend optimiste les responsables du Front national qui croient possible d’obtenir entre 10 et 50 élus.
Même si plus de 1 500 conseillers généraux doivent encore être désignés dimanche prochain, ce sont les cantons où le Front national sera en lice qui seront observés avec le plus d’attention. D’autant que c’est bien autour de la présence de candidats de ce parti qu’a eu lieu le principal débat politique entre les deux tours des cantonales. Le Parti socialiste et ses alliés de gauche, comme les écologistes, se sont prononcés en faveur du « front républicain » et ont appelé à faire barrage aux candidats FN, même lorsqu’ils étaient opposés à un UMP.
Cacophonie à l’UMP
Du côté du parti majoritaire, en revanche, cette option a été écartée par Jean-François Copé, qui, sous l’autorité du président de la République, a adopté la stratégie du « ni-ni » : ni alliance avec le Front national, ni « front républicain ». Pour le secrétaire général de l’UMP, le « front républicain » n’est pas la bonne réponse à la percée du Front national, car cela revient à dire que gauche et droite, « c’est pareil !». Une position qui ne fait pas l’unanimité au sein de la majorité. Plusieurs personnalités ont affirmé qu’elles voteraient socialiste en cas de duels PS-FN, comme la ministre de l’Environnement Nathalie Kociusko-Morizet, celle de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse ou l’ex-numéro deux du gouvernement, le centriste Jean-Louis Borloo. Même François Fillon a semé le trouble en appelant à voter contre le Front national, donnant l’impression de se désolidariser de Jean-François Copé et même de Nicolas Sarkozy, grand organisateur de la stratégie du « ni-ni ».
Dans ces conditions, que vont faire les électeurs de l’UMP ? Un sondage Harris Interactive publié jeudi indique que 54 % des sympathisants de ce parti approuvent la position officielle de l’UMP en cas de duel PS-FN et estiment qu’ils n’ont pas à recevoir de consigne de vote. Restent alors « LES » questions : voteront-ils dimanche et pour qui ?