Cantonales : un avertissement pour Nicolas Sarkozy avant 2012

Pour le deuxième tour des élections cantonales, ce dimanche 27 mars 2011, l'abstention a été record. Plus de 55% des Français ne se sont pas déplacés pour voter. Le Parti socialiste arrive en tête avec 35,74% des voix, devant l'UMP, crédité de plus de 20%, tandis que le Front national, présent dans 400 cantons, dépasse les 11%, d’après des chiffres du ministère de l’Intérieur.

A 13 mois de la présidentielle, la gauche a nettement remporté ce dimanche le second tour des cantonales en ravissant plusieurs départements à l'UMP, grand perdant, tandis que le Front national a continué à creuser son sillon, sans toutefois transformer l'essai du premier tour.

Les enseignements

Un second tour des cantonales marqué par une abstention record qui n'a pas baissé par rapport au précédent. Le rebond citoyen n'a donc pas eu lieu. Le socialiste François Hollande garde la présidence de la Corrèze. Le compte à rebours de sa candidature est donc lancé pour la primaire socialiste.

Le Front national, qui voulait marquer les esprits en faisant une entrée fracassante dans certains conseillers généraux, n'a pas réussi à confirmer sa percée malgré la cacophonie qui a prévalu toute la semaine dernière à l'UMP sur la consigne de vote « ni Front national, ni Front républicain ».

La lourde défaite de la droite a claqué comme un coup de semonce pour Nicolas Sarkozy, dont le virage à droite menace de faire exploser l'UMP et commence à écorner son statut de candidat naturel pour 2012.

Victoire modeste de la gauche

Avant le scrutin, la gauche dirigeait 58 départements. Elle espérait passer la barre des 60. L'objectif est atteint et même dépassé avec des victoires dans le Jura, les Pyrénées-Atlantiques, à Mayotte et à la Réunion et malgré la perte du Val d'Oise. Mais au Parti socialiste, on se gardait de tout triomphalisme.

Lorsque les objectifs sont atteints et même dépassés, habituellement, chez les socialistes comme ailleurs, on parle de victoire. Mais lorsque plus de la moitié des électeurs ne se sont pas déplacés et que le Front national enregistre des gains de voix entre les deux tours, difficile d'être triomphaliste et Martine Aubry le sait.

« On ne peut pas se réjouir quand le Front national est à cette hauteur et surtout quand on voit dans beaucoup d’endroits que la droite à voté Front national. C’est absolument clair. Donc ce qui s’est passé cette dernière semaine est vraiment très grave pour notre pays et je crois que l’on n’a pas fini d’en mesurer toutes les conséquences. C’est une soirée de victoire mais de victoire consciente, sérieuse et grave ».

La première secrétaire du parti socialiste a aussi officiellement lancé la campagne pour la présidentielle de 2012. Explication avec son lieutenant Harlem Désir.

« La France est aujourd’hui abimée par une politique d’injustice, d’inefficacité. Les Français ont voulu le dire. Je crois que le président de la République aurait tord de ne pas l’entendre et ils nous ont ouvert la porte de l’avenir. Maintenant, il faut que la gauche soit rassemblée et qu’elle soit porteuse d’un projet fort et crédible pour 2012 ».

La première étape, ce sera le 5 avril prochain avec la présentation du projet du Parti socialiste qui sera proposé aux candidat à la primaire du mois d'octobre prochain.

Les Verts se maintiennent

Pour les élections cantonales, Europe Ecologie-les Verts a réussit son objectif en doublant son nombre de conseillers régionaux.

Satisfaction totale dans le camp des écologistes. Après les estimations, les résultats tombent les uns après les autres dans le petit bureau des membres du rassemblement écologiste en charge des élections. Europe Ecologie-les Verts reste bien dans sa dynamique de succès après les européennes de 2009 et les régionales de l'an passé.

La secrétaire nationale, Cécile Duflot se félicite du score et pense déjà à la présidentielle de 2012. « Si nous pouvons faire la démonstration que dans des élections si difficiles une écologie de terrain existe, vit et gagne des élections nous avons gagné notre pari, pas seuls mais avec les électeurs et les électrices qui montrent qu’ils ne sont pas timides et qu’ils osent imaginer que les écologistes puissent être au pouvoir ».

Dans le viseur la présidentielle mais avant cela les primaires pour le rassemblement écologiste et Cécile Duflot tient à ce qu'elles se déroulent dans un bon climat. « C’est un moment difficile mais je serai la garante, et je m’y engage personnellement, à ce que les choses se passent bien. Parce que je crois justement que la confiance qui nous est donnée par les électeurs nous oblige et nous n’avons pas le droit de les décevoir ».

Europe Ecologie-les Verts décidera certainement le week-end prochain des dates des primaires. Elles devraient se dérouler en septembre.

Le FN présent, comme prévu, pour ce second tour

A l'issue du deuxième tour des cantonales, le Front national qui était présent au second tour dans quelque 400 cantons totalise plus de 11% des voix. Même si le parti obtient peu d'élus, ce score donne entière satisfaction à sa présidente, Marine Le Pen, qui a décidé d'engager dès maintenant son prochain combat pour la présidentielle de 2012.

Pas question de relativiser pour Marine Le Pen. Au soir du deuxième tour des cantonales, la présidente du Front national, tout sourire, a pris des accents de meeting pour avertir ses adversaires : il faut désormais compter avec son parti.

« Le Front national enregistre des progressions spectaculaires. Aussi bien quand il était face à un candidat PS que quand il était face à un candidat UMP. Cela signifie donc que des électeurs de gauche comme de droite nous ont rejoints au second tour. Ces progressions très importantes dans tout le pays prouvent une nouvelle fois que le vote Front national devient un vote d’adhésion ».

A tous ceux qui diabolisaient le FN, Marine Le Pen envoie un message : la progression des candidats frontistes aux cantonales a montré que ce parti avait aujourd'hui les moyens de rassembler. « Croyez-moi, ceux qui dès ce soir, dans les états-majors politiques vont commencer à faire des projections sur les législatives vont prendre quelques sueurs ».

Avis à Nicolas Sarkozy, le grand perdant des cantonales, qui est aussi son adversaire désigné. « Ces résultats sonnent aussi comme un désaveu terrible pour le président de la République puisque c’était le chef de campagne de l’UMP aux élections cantonales ».

Nicolas Sarkozy est le symbole d'un système politique en faillite que Marine Le Pen compte bien -en tout cas c'est ce qu'elle clame- renverser en 2012.

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