Le Premier ministre François Fillon se félicite des « succès enregistrés » au cours des dernières 48h en Libye. Plus largement, l’image est glorieuse et belle pour la France avec Nicolas Sarkozy en chef de guerre international, celui qui a réussi à arracher à ses alliés le feu vert pour aller sauver le peuple libyen menacé par la folie d’un dictateur sanguinaire.
De quoi redorer d’un coup le blason de la diplomatie française et permettre également au chef de l’Etat de se « re-présidentialiser », d’incarner sur la scène internationale ce rôle de « président protecteur » qu’il tente d’imposer.
Et de fait, la crise libyenne lui offre la possibilité de rebondir sur la scène nationale alors qu’il est toujours au plus bas dans les sondages et que les résultats piteux du premier tour des cantonales laisse l'UMP, le parti présidentiel, totalement sonné.
La guerre en Libye sauvera-t-elle le soldat et probable candidat Sarkozy ? Rien n'est moins sûr. Il ne faut pas oublier qu’à « offensive majeure », risques tout aussi majeurs. Risque de bavures lors des frappes aériennes, risque d’enlisement ou bien encore d’escalade du conflit.
Quitte ou double
On frémit quand on entend le fils du Guide libyen Saïf al-Islam préciser - comme il l'a fait dimanche - « qu’aucun avion commercial ne sera pris pour cible au dessus de la Méditerranée ». La menace est ici à peine voilée et nous renvoie au lourd passé terroriste de la Libye de Kadhafi.
Que se passera-t-il encore si les frappes aériennes échouent à faire chuter le régime libyen ? Faudra-t-il engager des troupes au sol ? Et qui prendra alors ce risque ? Autant de questions qui seront débattues mardi à l’Assemblée nationale par les députés. En cas de difficultés en tout cas, une certitude, c’est vers le chef de guerre que se tourneront les critiques : vers Nicolas Sarkozy.
Sa campagne pour 2012 sera conditionnée par la campagne militaire en cours en Libye. C’est presque une évidence. D’autant que le chef de l’Etat a pris seul en main les commandes de l’opération. Comme il avait pris seul, la semaine passée, la décision de reconnaître l’opposition libyenne, sans même prévenir son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé. En cas de succès militaire, le chef de l ‘Etat engrangera donc tous les bénéfices de son action. A l’inverse, sa position serait considérablement affaiblie dans la perspective de la future bataille présidentielle. Alors même que les sympathisants de droite considèrent déjà que François Fillon ou même Alain Juppé feraient de meilleurs candidats pour 2012.