Pour Nicolas Sarkozy, il devenait urgent de redresser la barre alors que la
France assure la présidence du G8 et du G20. Ainsi le chef de l'Etat a changé presque tous les ministres en charge des portefeuilles régaliens. Le nouvel homme fort est sans contexte Alain Juppé qui passe de la Défense aux Affaires étrangères. Un homme d'expérience a souligné le président. L'ancien patron des sénateurs UMP, Gérard Longuet, lui, arrive à la Défense et Claude Guéant, l'éminence grise de Nicolas Sarkozy hérite du ministère de l'Intérieur et de l'Immigration.
Lors de cette allocution, le président a esquissé trois objectifs: tourner la page des incompréhensions, fixer un cap compte tenu des changements dans le monde arabe et enfin rassurer et rassembler les Français. Pas un mot en revanche sur Michèle Alliot-Marie ou sur Brice Hortefeux, appelé « prochainement à des fonctions importantes », souligne l'Elysée.
La sortie du gouvernement de l'ami de trente ans de Nicolas Sarkozy est une réelle surprise. Avec ce remaniement, le chef de l’Etat a envoyé des signaux aux électeurs de droite. Avec le retour des chiraquiens aux postes clés, Nicolas Sarkozy a décidé de rassembler sa famille politique pour mieux préparer 2012.
Redonner une voix à la diplomatie française
Alain Juppé, chef de la diplomatie française, remplace à ce poste Michèle Alliot-Marie, devenue le symbole d'une politique étrangère marquée par la bienveillance envers les régimes autoritaires au sud de la Méditerranée. Nicolas Sarkozy a reconnu, justifié cette erreur.
Tous les Etats occidentaux et tous les gouvernements français ont entretenu avec ces régimes, des relations économiques diplomatiques et politiques. Ils étaient un rempart contre l'« extrémisme religieux et le terrorisme », assure Nicolas Sarkozy. Petit mea culpa donc pour le chef de l'Etat qui précise que personne n'aurait pu prévoir l'immense bouleversement, le changement historique qui se déroule actuellement au sud de la Méditerranée.
Mais c'est avec un enthousiasme pour le moins mesuré que le président français regarde le vent de la révolte souffler sur le monde arabe. Le chef de l'Etat reste prudent, il faut accompagner le chemin vers la démocratisation, refonder l'Union pour la Méditerranée, mobiliser l'Europe sur ce dossier, car personne ne sait, dit-il, sur quoi va déboucher ce printemps arabe. Il ne faut pas avoir peur mais, mais on ne doit pas écarter la menace de flux migratoires incontrôlables, ou d'un développement du terrorisme.
Face aux critiques d'une diplomatie française en crise, sans ligne directrice, Nicolas Sarkozy veut montrer qu'il muscle sa politique étrangère. Il a justifié le remaniement de son gouvernement par la nécessité d'y nommer des hommes « préparés à affronter les événèments à venir dont nul ne peut prévoir le déroulement ».