Nicolas Sarkozy réajuste sa politique étrangère en remaniant les ministères régaliens

Dans une allocution télévisée de près de sept minutes, enregistrée à l'avance et diffusée ce dimanche 27 février au soir, Nicolas Sarkozy a annoncé lui-même trois nominations ministérielles, Alain Juppé aux Affaires étrangères, Gérard Longuet à la Défense et Claude Guéant à l'Intérieur. Le président français a également annoncé que la France avait demandé une réunion du Conseil européen pour l'adoption d'une stratégie commune de l'Union européenne face à la crise libyenne.

« Certains peuples arabes prennent leur destin en mains » et « ces révolutions arabes ouvrent une ère nouvelle dans nos relations avec ces pays dont nous sommes si proches par l'Histoire et la géographie », a déclaré Nicolas Sarkozy en qualifiant les révolutions dans les pays arabes « d'immense bouleversement ».

Le président a également mis en garde contre « les flux migratoires », conséquences des « tragédies » dans les pays en révolte contre les régimes en place, qui pourraient être « incontrôlables ». « C'est pourquoi la France a demandé que le Conseil européen se réunisse pour que l'Europe adopte une stratégie commune face à la crise libyenne », a-t-il ajouté.

Le président français a annoncé la nomination d'Alain Juppé, jusqu'ici ministre de la Défense, au ministère des Affaires étrangères, en remplacement de Michèle Alliot-Marie, démissionnaire. Alain Juppé, 65 ans, a déjà été chef de la diplomatie entre 1993 et 1995. Il se positionne désormais comme le nouveau poids lourd du gouvernement dirigé
par François Fillon.

Redresser la barre

Nicolas Sarkozy a aussi nommé un sénateur et ex-ministre, Gérard Longuet, au ministère de la Défense. Il a également remplacé son ministre de l'Intérieur controversé, Brice Hortefeux, par son plus proche collaborateur, Claude Guéant, chargé de gagner la
bataille contre la criminalité et l'insécurité, enjeux électoraux primordiaux à l'approche de la présidentielle de mai 2012.

Claude Guéant, 66 ans et ancien préfet, était jusqu'à aujourd'hui le secrétaire général de la présidence française, où il s'était aménagé un vaste champ d'action dans le domaine diplomatique, multipliant les missions au Moyen-Orient ou en Afrique.

L'allocution présidentielle et l'annonce du remaniement gouvernemental traduisent l'absence de cap observée dernièrement dans la diplomatie française. Récemment, un groupe de diplomates anonymes s'était manifesté dans la presse pour dénoncer une absence de vision, un manque de moyens, ou « une peur du changement ». Pour Nicolas Sarkozy, il devenait urgent de redresser la barre alors que la France assure la présidence en exercice du groupe des Huit pays les plus industrialisés (G8) et de son extension aux pays émergents, le G20.

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