Après avoir raté le coche du printemps arabe, des révolutions en Tunisie puis en Egypte, la diplomatie française rattrape enfin le train de l’Histoire en allant sauver Benghazi.
Il faut bien reconnaître à Nicolas Sarkozy d’avoir porté ce projet d’intervention en Libye depuis le début alors même que la communauté internationale affichait une passivité quasi-coupable face à l’écrasement de l’insurrection libyenne par le colonel Kadhafi.
Il a alors fallu toute la détermination du président français et de son allié britannique, David Cameron, pour arracher une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU. Et ce après avoir pris le risque de reconnaître tout seul - au nom de la France - le fameux Conseil national de transition libyen, c’est à dire l’opposition à Kadhafi.
Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy est aux avant-postes, aux côtés des Britanniques et maintenant des Américains, de la réaction internationale. Avec l’assentiment des Nations unies, de Washington et le feu vert également de la Ligue arabe. C’est un sans faute diplomatique. Car en associant le monde arabe à cette opération, le président français et ses alliés ont fait en sorte qu’elle n’apparaisse pas comme une agression occidentale. De fait, le Qatar et les Emirats arabes Unis devraient prochainement participer aux opérations en cours…
L'occasion pour Nicolas Sarkozy de se « re-présidentialiser »
Pour un président à la peine, au plus bas dans les sondages, cette mise en œuvre d’un « véritable devoir d’ingérence armé » pour sauver les civils libyens d'« un danger de mort », comme le président l’a souligné samedi lors du sommet à l'Elysée, est assurément un bon point dans sa tentative de reconquête de l’opinion publique.
A quatorze mois du scrutin présidentiel et en plein premier tour ce 20 mars des élections cantonales qui s’annoncent difficiles pour la majorité, Nicolas Sarkozy n’est sans doute pas mécontent - c’est un euphémisme - de montrer qu’il est bien « ce fameux président protecteur » qu’il n’a de cesse de faire valoir sur la scène nationale comme sur la scène internationale.
Aujourd’hui en tout cas, il renoue avec le volontarisme et les succès de sa présidence de l’Union européenne en 2008, lorsqu'il avait réussi à mobiliser la communauté internationale en pleine tourmente financière, ou bien encore lorsqu’il avait couru à Moscou pour présenter un plan de paix pour apaiser la crise entre la Russie et la Géorgie.
Aujourd’hui en France, même la gauche soutient son action en Libye. Le tremplin que Nicolas Sarkozy espérait pour 2012, via sa double présidence du G8 et du G20, semble prendre forme. Même si l'intervention contre Kadhafi n'est pas sans risque. Et que ce tremplin pourrait se dérober sous ses pieds en cas d’enlisement du conflit en Libye. C'est le vrai risque de l'opération en cours.