Libye : face aux opérations de la coalition, Kadhafi promet une «longue guerre»

L'opération «Aube de l'odyssée», lancée le 19 mars contre le régime libyen par la coalition internationale se poursuivait ce dimanche. Avant l'aube, Tripoli a été la cible de plusieurs raids des armées américaine, britannique et française. En réaction, Mouammar Kadhafi leur promet «la défaite» et menace de s’en prendre à des objectifs «civils et militaires» en Méditerranée. Des raids qui auraient fait 48 morts dont 26 à Tripoli et 150 blessés, selon un bilan provisoire de source officielle libyenne.

Alors que les opérations militaires essentiellement françaises, américaines et britanniques se poursuivaient dimanche 20 mars en vertu de la résolution 1973 des Nations unies, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a prédit, dans un message sonore diffusé dans la matinée par la télévision officielle une « longue guerre », affirmant que « tout le peuple libyen porte des armes » et qu'il va « vaincre ».

Ce dimanche matin, des explosions et des tirs de défense anti-aérienne ont été entendus très tôt, à Tripoli. Mais depuis le calme semblait être revenu dans la capitale et à Benghazi où l'opération de la coalition a débuté hier. Les habitants qui avaient fui commençaient d'ailleurs à regagner leur ville dans la matinée.

On a appris d’autre part que l'équipage d'un remorqueur italien était retenu dans le port de la capitale par des hommes armés. On ne sait pas encore s'il s'agit d'une des premières représailles du colonel Kadhafi qui a promis de faire de la Méditerranée un « champ de bataille ».

Washington ne souhaite pas s'enliser dans un nouveau conflit
 

L'intervention de la coalition internationale (pour l'instant la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l'Italie et le Canada) ont commencé samedi et se sont accentués tout au long de la journée. Elles ont débuté peu après le sommet international de Paris. Le Qatar a promis de s'impliquer et plusieurs autres pays européens et arabes sont également prêts à participer à cette action.

En quelques heures le 19 mars, on est passé d'une action limitée, menée par la France, avec le survol du territoire libyen par 12 Mirages 2 000 et Rafales et la destruction de quelques blindés dans la région de Benghazi à une campagne de bombardement des infrastructures militaires libyennes.

Le vice- amiral américain, Bill Gortney annonçait samedi soir le lancement sur la Libye de pas moins de 110 missiles Tomahawk, des missiles tirés à longue distance. Ces missiles ont touché plus de 20 objectifs, notamment les systèmes de défense anti-aérien et des noeuds de communications stratégiques. Washington ne souhaite pas s'enliser dans un nouveau conflit. Plutôt une opération limitée sans envoi de troupes au sol. L'objectif affiché par le Pentagone est la destruction des défenses libyennes, de manière à faciliter le travail des alliés chargés de faire respecter la zone d'exclusion aérienne.

Même si la Libye ne possède plus aucun chasseur moderne, et si l'essentiel de ses missiles sol/ air sont déjà anciens ou hors d'usage, les frappes sur la Libye devraient se poursuivre dans les jours voire les semaines à venir. L'Espagne a affirmé que son armée entrerait en jeu ce dimanche. Madrid va déployer quatre chasseurs F18, un avion de ravitaillement en vol, un autre de surveillance maritime, une frégate et un sous-marin.

D'autres raids sont à prévoir dans la journée. L'armée de l'air française devrait de nouveau intervenir. Il faudra voir, alors, si son action se limite, comme hier à la région de Benghazi. Le porte avion Charles de Gaulle doit appareiller ce dimanche, avec à son bord une vingtaine de chasseurs, des Rafales et des Super Etendard modernisés.

En 1999 pour protéger les populations kosovares, l'OTAN avait bombardé la Serbie durant 78 jours menant plus de 35 000 sorties aériennes, conduisant finalement à la chute du régime de Slobodan Milosevic.

Réactions

Les premières images des frappes occidentales ont été célébrées par les insurgés, à Benghazi mais aussi à Toubrouk. Les insurges, surtout dans l'est du pays , attendaient cette offensive comme seule susceptible de les sauver. Un réel soulagement, comme l'a constaté notre envoyée spéciale, Donaïg Ledu.

Le Guide libyen a promis que le peuple libyen se défendrait

La télévision d'Etat libyenne a annoncé que les «ennemis croisés» ont bombardés des objectifs civils à Benghazi, Zouarah, Misrata et à Syrte, ville natale de Mouammar Kadhafi, faisant  48 morts et 150 blessés. Les affrontements ont continué cette nuit. Avant l'aube, des bombardements ont été constatés à Tripoli. Selon des témoins, un avion a survolé le secteur où se trouve la résidence de Mouammar kadhafi, dans le Sud de la capitale libyenne. La défense anti-aérienne libyenne est entrée en action.

Suite au lancement des hostilités, le pouvoir a affirmé que la résolution 1973 de l'ONU-, texte qui a autorisé l'offensive de la coalition internationale-, était désormais caduque. Le guide libyen demande une réunion urgente au Conseil de sécurité de l'ONU et décide de ne plus coopérer avec l'Europe dans sa lutte contre l'immigration clandestine. Il menace de s'en prendre à des objectifs civils et militaires en Méditerranée, devenue un «champ de bataille», et déclare que les dépôts d'armes sont ouverts pour défendre la Libye.

L'opération internationale est intervenue alors que les troupes loyalistes attaquaient Benghazi, dans l'est du pays, bastion des insurgés. Pour Slimane Bouchouiguir, secrétaire général de la Ligue libyenne des droits de l'homme, l'offensive contre Benghazi était un baroud d'honneur du Guide libyen. Pour lui, « Kadhafi est fini ».

Situation humanitaire

Le Comité International de la Croix-Rouge met en garde. L'organisation demande aux combattants de respecter le droit international, et surtout à faire la ditinction entre civils et militaires. Rashid Khalikov, coordonnateur de l'ONU pour l'aide humanitaire en Libye, a des craintes, notamment pour ces milliers de personnes qui ont déjà fui le pays pour passer en Egypte. Selon lui, leur situation va se dégrader.

Réactions internationales

L'intervention ne fait pas l'unanimité. Pékin regrette l'intervention armée étrangère en Libye, et redoute une escalade de la violence. La Chine comme la Russie, s'était abstenue lors du vote de la résolution à l'ONU. de son côté, le président vénézuélien Hugo Chavez a parlé d'une décision irresponsable, qui viole le principe de non-ingérence dans les affaires libyennes.

En revanche, beaucoup de pays ont annoncé leur soutien à l'opération internationale. Le Canada et l'Italie font partie de la coalition. L'Espagne entre eu jeu aujourd'hui. Par ailleurs, le Danemark, la Norvège, le Qatar ou encore les Emirats Arabes Unis, soutiennent, au moins sur le principe, l'intervention. Pour le président américain Barack Obama, cette intervention était nécessaire.

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