En France il y a de l'eau dans le gaz entre Sarkozy et les magistrats

Nicolas Sarkozy engage un bras de fer avec les juges. En visite jeudi 3 février 2011, à Orléans, le président a affirmé que les « dysfonctionnements graves » des services de police et de la justice qui ont permis la remise en liberté du principal suspect du meurtre de la jeune Laëtitia à Pornic, seraient sanctionnés. Immédiatement, les magistrats de Nantes, pointés du doigt par le chef de l'Etat, ont voté une semaine sans audience. Un mouvement de protestation rarissime dans le monde feutré de la justice.

Révolte, écœurement, colère, depuis hier, jeudi 3 février 2011, ces mots reviennent en boucle dans la bouche des magistrats. Si Nicolas Sarkozy a toujours entretenu des relations tendues avec les juges, en les accusant régulièrement de laxisme, cette fois-ci les propos du chef de l'Etat ont mis le feu aux poudres.

Jeudi donc, lors d'un déplacement à Orléans, Nicolas Sarkozy annonce que la remise en liberté sans suivi, du principal suspect du meurtre de la jeune Laëtitia était une faute et que ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seraient sanctionnés.

Pointés du doigt, les magistrats nantais laissent éclater leur colère. Preuve à l'appui, ils font savoir que c'est en raison du manque d'effectif que le suivi de Tony Meilhon, comme celui de 800 autres détenus, avait été abandonné, avec l'accord écrit des autorités. Dans la foulée, ils décident spontanément de suspendre toutes les audiences jusqu'au 10 février.

Depuis le mouvement s'étend. Les deux principaux syndicats de magistrats dénoncent un populisme de bas étage, avec la CGT pénitentiaire ils appellent tous les professionnels à se joindre aux initiatives organisées en France. Fait rarissime, Unité police, le premier syndicat des gardiens de la paix, laisse entendre que les propos du chef de l'Etat ont provoqué pas mal d'émoi dans les rangs de la police.

Et la chancellerie déjà ne sait plus comment calmer le jeu.

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