Cinquante-cinq ans de vie politique, presque quarante de présidence d'un parti créé par lui-même et pour lui-même, voilà ce que Jean-Marie Le Pen laisse derrière lui. Des bancs de l'Assemblée nationale sous la bannière poujadiste, au deuxième tour de l'élection présidentielle 2002, Il aura été une sorte de tribun provocateur et volontiers bagarreur de la vie politique, persuadé d'être la conscience d'une France au bord de l'abîme.
Un abîme où la pousserait, en schématisant à peine, tout ce qui n'est pas Français : l'immigration, l'Europe, le libre-échange et tous leurs soutiens, les partis politiques traditionnels aidés par des médias dont l'unique but serait de la diaboliser.
22% des Français d'accord avec les idées du Front National
Un crédo unique répété décénie après décénie, d'abord dans le désert, mais puisque la répétition fixe la notion, devant des publics de plus en plus nombreux. La preuve, au moment où il passe la main, 22% des Français se disent d'accord avec les idées du Front National.
Trop tard pour porter le parti d'extrème droite au pouvoir, mais le vieux chef espère tout haut que ce sera bientôt le cas. A 82 ans, il compte bien l'y aider, par les conseils qu'il ne s'interdira pas de donner, mais aussi en gardant la tête de la structure de financement du parti, un vrai domaine de compétence pour cet homme qui, en dénonçant toute sa vie l'établissement, aura réussi à vivre comme un grand bourgeois.