On a pu assister ce 7 janvier 2011 à une cérémonie de voeux du président de la République aux autorités religieuses tout à fait inhabituelle. Généralement, la cérémonie se passe en privé. Les responsables religieux et le président de la République échangent courtoisement leurs vœux, autour d’une collation, enfin, on peut le supposer. Et puis, c’est à la descente du perron que les religieux s’expriment sur ce qui a été dit et échangé.
Mais cette fois, la série d’attentats qui a visé en Irak et puis tout dernièrement en Egypte, les petites communautés chrétiennes, a modifié la coutume.
Visage grave, déterminé, le président Sarkozy a lu un long discours, adressé en grande partie aux chrétiens d’Orient. En premier aux Coptes qui ont perdu une vingtaine de fidèles dans la nuit du 31 décembre sur le parvis d’une église d’Alexandrie. « Ils sont collectivement nos martyrs, martyrs de la liberté de conscience. La France n’acceptera jamais que l’on puisse prendre des innocents en prière pour cible d’un terrorisme délirant. C’est à travers eux, la civilisation humaine qui a été défiée », a martelé Nicolas Sarkozy, avant d’évoquer ce qui ressemble de plus en plus selon lui, à travers ces attentats ciblés, à un « plan pervers d’épuration religieuse » au Moyen-Orient.
Mais le président Sarkozy a pris soin de préciser que l’islam n’avait rien à voir avec la « face hideuse de ces fous de Dieu qui tuent aussi des musulmans ».
La laïcité « à la française » a constitué la dernière partie et la chute, en quelque sorte, du discours du président français aux autorités religieuses : le droit de prier en France le Dieu de son choix, le droit de croire mais aussi de ne pas croire, et enfin le souhait de ne pas exclure du débat public la religion.
Un rappel de la laïcité positive, concept développé au début de son quinquennat et qui prend aujourd’hui encore plus de force.