Le secteur de l’économie française le plus touché par les intempéries du mois de décembre est le transport en général. Les camions sont immobilisés et la facture est salée : un poids lourd immobilisé pendant vingt-quatre heures coûte 850 euros environ.
Les avions aussi sont affectés par la vague de neige, la troisième depuis le début du mois. Les compagnies aériennes, qui ont été contraintes d’annuler leurs vols, doivent maintenant faire face aux remboursements des billets annulés ou des frais d’hôtels pour les passagers. A titre d'exemple, Air France-KLM a logé quatre mille passagers en attente de leur vol dans des hôtels entre le 17 et le 20 décembre. Le coût des intempéries de décembre s’élèverait entre 25 et 35 millions d'euros.
Il faut aussi souligner que deux mille passagers ont passé la nuit à l'aéroport de Roissy à Paris le 23 décembre, et la météo fait craindre une pagaille similaire aujourd'hui. En tout, 50% des vols ont été annulés dans cet aéroport.
« Les organismes officiels doivent prendre leurs responsabilités »
Richard Vainopoulos, le président de TourCom, a d’ailleurs jugé anormale cette situation, en mettant en cause directement les Aéroports de Paris (ADP) : « J’estime qu’à un certain moment, les organismes officiels comme ADP doivent prendre leurs responsabilités. Les passagers payent des taxes pour la sécurité et également pour que les pistes soient désenneigées ou que les avions puissent partir même en période de froid. En fait, on s’aperçoit qu’à chaque fois que la neige tombe, à chaque fois que le froid arrive, les aéroports sont toujours coincés. Je veux bien qu’on subisse ce problème une fois, mais à partir du moment où Météo France prévient qu’il va y avoir une situation d’enneigement importante, je pense que les aéroports doivent prendre une décision beaucoup plus unilatérale en faisant en sorte que les passagers puissent décoller, ou en tout cas de prendre en charge dans les aéroports les clients d’une meilleure façon et de ne pas leur donner simplement une simple couverture ».
Le bâtiment et les travaux publics eux aussi payent cher cette neige alors que les chantiers tournaient déjà au ralenti, le froid réduit encore l’activité.
Un autre secteur a été aussi touché : le commerce. Les deux dernières semaines de décembre constituent la période phare des achats en magasin. Les commerçants réalisent entre 15% et 50% de leur chiffre d’affaires de l’année lors cette période. Mais une baisse de 30% a été observée, selon le Commerce de France car la neige n’incite pas à la sortie.
Le président de la Fédération nationale de l'habillement (FNH), Charles Melcer, se dit inquiet quant à la baisse du chiffre d’affaires des commerçants (par rapport à 2009), pendant le week-end dernier, le plus décisif de l’année : « Pour l’instant, d’après les échos que j’ai, il y a entre 10 et 15% de moins. Bon, le match n’est pas fini. On vient d’entendre justement qu’il y a encore des chutes de neige. On est quand même un peu inquiets. Alors on n’en avait pas besoin, si en plus on a la cerise sur le gâteau pour arriver à Noël avec de la neige, il ne manquait plus que ça. Nous sommes très réservés : ou les gens vont faire quand même des affaires, ils vont attendre les soldes. Je pense qu’il y aura de belles affaires à faire pour les soldes, mais en attendant le chiffre ne se fait pas. Il y a des métiers comme la bijouterie, c’est pratiquement 50% du chiffre d’affaires de l’année fait en bijouterie ».
Les sites internet enregistrent 25 % de croissance
Mais le malheur des uns fait le bonheur des autres, celui des sites internet spécialisés dans les ventes à distance qui se frottent les mains comme l’explique Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur de PriceMinister : « Pour les commerces, le mauvais temps est plutôt une bonne chose parce que quand les gens restent chez eux, ils achètent plus sur internet. Sur PriceMinister, on est à 25% de croissance d’une année sur l’autre. Donc on est très contents de ce Noël. Et notamment on est contents du week-end dernier. La météo a joué son rôle. Globalement, on s’attendait à un gros week-end, mais quand même à un chiffre d’affaires en légère décroissance par rapport aux jours précédents parce qu’on se rapprochait de Noël (quand on se rapproche de Noël, le chiffre d’affaires baissent un petit peu). Et en fait, il s’est maintenu. Bien sûr maintenant, cette semaine, le chiffre d’affaires baisse car à quelques jours de Noël, les gens préfèrent aller acheter directement dans les magasins ».
Mais même dans le commerce traditionnel, il y en a qui ont tiré leur épingle du jeu, notamment les vendeurs de chaussures pour une raison très simple selon Charles Melcer : « Au sein de la fédération de la chaussure, ont est plutôt contents, avec les achats de bottes. Tous les bottillons, tous ces trucs-là, tout cela s’est vendu très bien parce que ça glissait. C’est vraiment des antidérapants et tout ».
Enfin, même ceux qui n’ont pas conclu d'achats ont fait preuve d’une recherche active inhabituelle sur Internet en cette période d’intempéries. Le moteur de recherche de shopping Twenga, nous révèle ainsi des chiffres étonnants : ce mois de décembre, les recherches sur internet pour les pelles à neige ont augmenté de 1 100%, et de 680% pour les après-skis.