Eric Woerth a beaucoup perdu à cause de l’affaire Bettencourt. Son implication dans ce feuilleton familial à rebondissements lui a coûté son poste de trésorier de l’UMP. Mais surtout lui a fait perdre sa place au gouvernement. Menacé depuis des mois, le remaniement lui a finalement été fatal. Nicolas Sarkozy a préféré se séparer de lui mais a tenu à présenter cette décision comme la meilleure pour tout le monde, et surtout pour Eric Woerth lui-même. Lors de son intervention télévisée du 16 novembre dernier, Nicolas Sarkozy a ainsi estimé qu’en n’étant plus ministre, Eric Woerth serait « plus libre de se défendre ». Celui-ci avait pourtant manifesté jusqu’au bout son envie de rester dans l’équipe gouvernementale.
Et c’est en effet ce qui attend Eric Woerth dorénavant : il va devoir se défendre dans les différentes enquêtes qui le concernent. La réconciliation inattendue entre Liliane Bettencourt et sa fille, Françoise Bettencourt-Meyers, n’y changera rien. L’accord conclu entre les deux héritières du groupe l’Oréal ne pourra pas mettre un terme aux enquêtes judiciaires. Peut-être, au mieux, le règlement du volet familial pourra-t-il faire redescendre la pression.
Les enquêtes continuent
Les plaintes réciproques déposées par Françoise Meyers-Bettencourt pour « abus de faiblesse » et Liliane Bettencourt pour « atteinte à la vie privée » ont certes été retirées. Mais il n’en demeure pas moins qu’à la faveur de ce conflit familial, d’autres affaires sont apparues notamment lorsque les enregistrements pirates réalisés chez Liliane Bettencourt ont été rendus publics, affaires qui ont donné lieu à l’ouverture d’une information judicaire.
C’est de là que découlent les ennuis d’Eric Woerth puisqu’au fil des conversations de la milliardaire de 88 ans, espionnée par son maître d’hôtel sur les ordres de sa fille, le nom de l’ancien ministre a été cité plusieurs fois. Des soupçons sont apparus sur son éventuelle intervention pour faire embaucher son épouse, Florence, dans la société qui assure gestion de la fortune de l’héritière de L’Oréal, en échange de la remise d’une légion d’honneur à Patrice de Maistre, l’homme de confiance de Liliane Bettencourt. Des soupçons existent aussi sur le versement à Eric Woerth de sommes en liquide destinées à financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. A cela s’ajoutent encore des soupçons de fraudes fiscales qui pèsent sur la milliardaire, fraudes qui auraient pu être couvertes par Eric Woerth alors ministre du Budget.
Retour à l’Assemblée
Après de nombreux rebondissements, les enquêtes sur ces affaires ont été transmises du parquet de Nanterre à celui de Bordeaux et le règlement du volet familial de l’affaire Bettencourt ne met pas fin aux investigations en cours. Et comble de malchance pour Eric Woerth, une autre affaire le concernant a été révélée : celle de la vente de l’hippodrome de Compiègne à bas prix dans laquelle il pourrait être intervenu en tant que ministre du Budget. La Cour de justice de la République a été saisie et l’hypothèse de l’ouverture d’une enquête n’est pas écartée.
En attendant, Eric Woerth, toujours maire de Chantilly, va retrouver le 14 décembre son siège de député de l’Oise à l’Assemblée nationale. Au-delà de l’opportunité qui lui est ainsi offerte de revenir dans le bain de la politique nationale, cela va aussi lui permettre de retrouver son immunité parlementaire. Un statut qui le préserve, par exemple, d’une mise en garde à vue intempestive. Mais un statut qui ne le met pas complètement à l’abri puisque le bureau de l’Assemblée nationale peut, bien sûr, lever l’immunité si nécessaire.