Le bal des primaires socialistes

Le Parti socialiste lance mardi le processus des primaires pour la présidentielle de 2012. Le choix du candidat aura lieu à l’automne prochain, mais déjà près d’une dizaine de « présidentiables » sont sur la ligne de départ.

En 2006, la primaire était réservée aux adhérents socialistes ; cette fois, sous l’impulsion d’Arnaud Montebourg et de la Fondation Terra-Nova, les socialistes veulent organiser des primaires « à l’américaine », ouvertes à tous les sympathisants de gauche. Objectif : atteindre 4 millions de votants pour désigner leur candidat en octobre 2011, selon le calendrier officiel. Un calendrier trop tardif, jugent certains socialistes comme François Hollande ou Manuel Valls. Mais un calendrier sur-mesure pour Dominique Strauss-Kahn, engagé au FMI jusqu’en 2012. D’ores et déjà, les candidats réels ou potentiels se bousculent au portillon. Revue des prétendants.

Les déclarés

Manuel Valls, 48 ans
Le premier à s’être déclaré. Depuis des années, le maire d’Evry, en banlieue parisienne, fait entendre sa petite musique personnelle, à la droite du PS (sur la sécurité ou les retraites). L’impatient Manuel Valls réclame que tous les candidats se soient déclarés au plus tard au printemps 2011.

Arnaud Montebourg, 48 ans
L’initiateur des primaires. Ancien avocat devenu procureur de Jacques Chirac à l’Assemblée nationale. Homme aux fidélités multiples (Ségolène Royal pour la primaire de 2006, Martine Aubry pour le congrès de Reims en 2008), Arnaud Montebourg a décidé de rouler pour lui-même. Il prône la « démondialisation », mais ces derniers jours, c’est surtout de sa compagne qu’on parle, la journaliste Audrey Pulvar, suspendue d’antenne à I-télé depuis l’annonce de sa candidature.

Les favoris

Dominique Strauss-Kahn, 67 ans
Le champion des sondages, désigné depuis plus d’un an vainqueur virtuel de la présidentielle de 2012. Son poste à la tête du FMI lui interdit de parler de politique française, mais DSK veille à ce qu’on ne l’oublie pas, et multiplie les signaux contradictoires : un jour il se dit « très attentif à la situation française », mais dans une interview au magazine allemand Stern, il dit vouloir « aller jusqu’au terme de son mandat (…), en 2012 »… Le messie de Washington sait se laisser désirer.

Martine Aubry, 60 ans
L’ancienne ministre « des 35-heures » de Lionel Jospin s’est péniblement installée à la tête du PS en 2008. Depuis le congrès de Reims, elle est liée à Dominique Strauss-Kahn par « le pacte de Marrakech » : ils ne feront rien l’un contre l’autre. Mais mine de rien, Martine Aubry trace son sillon. A la tête du PS, elle occupe une position de choix pour peser sur ces primaires.

François Hollande, 56 ans
L’ancien patron du PS avait loupé le coche en 2007, face à son ex-compagne Ségolène Royal. Bien décidé à ne plus laisser passer son tour, le président du Conseil général de Corrèze multiplie les contributions, sur la jeunesse, la fiscalité, l’éducation… Et surtout, il a perdu dix kilos cet été.

Ségolène Royal, 57 ans

La candidate socialiste à la présidentielle de 2007 avait promis à ses partisans de les conduire « vers d’autres victoires »... Mais l’ancienne madone des sondages n’a plus la cote, et se retrouve même distancée dans les enquêtes d’opinion par François Hollande. D’où son récent désir d’unité. Elle s’est rapprochée de Martine Aubry et a décidé de s’inclure dans le pacte de Marrakech. Tout en entretenant la flamme auprès de ses supporters de Désir d’avenir. Au cas où…

Au cas où…

Pierre Moscovici, 53 ans
L’ancien ministre des Affaires européennes se prépare au cas où… DSK n’irait pas. Il a la main sur une partie du courant strauss-kahnien.

Benoît Hamon, 43 ans
Le porte-parole du PS se prépare au cas où… DSK irait. Face à la ligne social-libérale incarnée par le directeur général du FMI, « l’idole de toutes les femmes, des grands-mères aux plus jeunes », tire Martine Aubry sur sa gauche, et souhaite que sa patronne soit candidate.

Jean-Louis Bianco, 67 ans
L’ancien secrétaire général de l’Elysée sous François Mitterrand se prépare au cas où… Ségolène Royal n’irait pas. Le directeur de la campagne de 2007 est l’un de ses derniers et fidèles soutiens. Mais à 67 ans, il veut aussi faire valoir ses idées. Il a même publié à la rentrée un livre intitulé « Si j’étais président », dans l’indifférence générale de ses camarades.
 

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