Réforme des retraites : les figures de la contestation en France

La mobilisation sociale contre la réforme des retraites a mis sous les feux des médias plusieurs personnalités syndicales. Vieux routiers, nouveaux meneurs et très jeunes leaders, découvrez les portraits de ceux qui ont occupé la scène médiatique.

Charles Foulard, responsable CGT du groupe pétrolier Total

Bonnet rouge vissé sur la tête, parka noire épaisse, Charles Foulard, 53 ans dont 28 chez Total, est le leader CGT chargé de la branche pétrole. Charly, comme l’ont baptisé ses copains de la raffinerie de Grandpuits en Seine-et-Marne. Très déterminé, cet ancien pompier a grimpé les échelons de la section CGT-Total. Il en est désormais le chef incontesté. C’est l’actualité de Total et la fermeture de la raffinerie des Flandres qui l’a placé sous les feux des médias. Pédagogue, les journalistes apprécie ses phrases choc. Et même s’il représente une ligne dure au sein de la CGT, il a su mobiliser toute la branche pétrole contre la réforme des retraites. Ses appels à suivre le mouvement du blocage des raffineries ont été suivis en quelques jours dans les cinq sites du groupe Total et les autres raffineries du pays. Pour Charles Foulard : « Ce mouvement ne touche pas que les retraites, c’est un sursaut démocratique ».

Pascal Galeoté, le secrétaire général CGT du port de Marseille-Fos

Pascal Galéoté est le « Monsieur CGT » du port de Marseille, premier port français. A 36 ans, il est le défenseur des grutiers, des dockers et autres agents portuaires depuis 2005. C’est son combat contre la privatisation du Port autonome de Marseille, le fameux PAM, qui lui a permis de se faire connaître sur la scène médiatique. Chef de file d’un syndicat ultra-majoritaire sur les ports, ce catalan d’origine fils et petit fils de docker, refuse cette image de rebelle des quais que lui ont collé les médias. Il dit juste « se battre pour la défense de son secteur ».

Victor Colombani, président de l’Union nationale lycéenne (UNL) et Jean-Baptiste Prévost, président de l'Union nationale des étudiants français (Unef)

Jeans, sac à dos à l’épaule, Victor Colombani, 16 ans, en classe de première ES dans le prestigieux lycée Henri IV à Paris est à la tête de la première organisation lycéenne qui compte près de 6 000 adhérents. Ce fils de journalistes du quotidien Le Monde (sans lien avec Jean-Marie Colombani), très « pro » et souriant, est aujourd’hui la coqueluche des médias. Syndiqué à 14 ans, sa première manifestation remonte au printemps 2008 quand il était en quatrième, contre les suppressions de postes dans l’Education nationale. Depuis, il n’a cessé d’enchaîner les cours, les réunions syndicales et les manifestations. Au côté notamment de Jean-Baptiste Prévost, président de l'Unef, le principal syndicat étudiant, lui aussi très présent dans le mouvement contre la réforme des retraites. Ancien vice-président de l’Unef, Jean-Baptiste Prévost, 23 ans, est étudiant en Master 1 d’histoire et parallèlement en 5e année à Sciences-Po Paris. Il a été élu à l’unanimité à la tête de l’Unef pour succéder à Bruno Juilliard, figure charismatique du mouvement anti-CPE (contrat première embauche en 2006).

Bernard Thibault et François Chérèque, responsables de la CGT et CFDT

Les deux syndicalistes côte à côte au journal de 20H et sur les plateaux de télé, bras dessus, bras dessous, dans les cortèges et manifestations, c’est sans doute l’image la plus étonnante du mouvement. Après des années de relations glaciales et compliquées, Bernard Thibault et François Chérèque ont dénoncé à l’unisson une réforme des retraites « injuste ». Ils ont installé leur domination sur le mouvement social face à Force Ouvrière. Pour Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO : « Si la CFDT et la CGT sont unies, ce n'est pas pour les retraites. C'est une des conséquences de la réforme de la représentativité syndicale qui privilégie les grosses organisations ». L’alliance de la carpe et du lapin, au dire de certains. Pour le très fermé Bernard Thibault, la volonté de prouver que la négociation collective peut apporter autant de résultat qu'une grève. Pour le très sanguin François Chérèque, la volonté de changer l’image de la CFDT, un syndicat jugé par les salariés trop proche des pouvoirs publics.

 

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