Nicolas Sarkozy voulait que l’affaire soit conclue avant les vacances scolaires et donc après 150 heures de débat pendant trois semaines, la réforme des retraites a finalement été adoptée par le Sénat avec une absence remarquée, celle du président de la Chambre haute, Gérard Larcher, sans doute mal à l’aise lui qui avait promis à l’opposition qu'au grand jamais on utiliserait le vote bloqué. Mais la pression de l’Elysée a été plus forte, et à gauche toute la journée de vendredi dans l’hémicycle, on ne s’est pas privé de dénoncer un coup de force.
Concrètement maintenant, le texte définitif va être rédigé lundi matin en commission mixte paritaire entre sénateurs et députés avant une adoption solennelle mercredi prochain par chacune des deux Chambres.
Juste après le vote, le ministre du Travail Eric Woerth affichait un certain soulagement. Il est persuadé que le mouvement social va désormais s’arrêter. Avec la satisfaction aussi du devoir accompli lui qui traîne l’affaire Woerth-Bettencourt comme un boulet. « Nous pourrons regarder nos enfants, enfin dans les yeux », s’était-il enflammé. Il espère que la loi sera promulguée, normalement d'ici mercredi.
La gauche, elle, ne veut pas s’avouer vaincue. « Le Sénat est bafoué! » avait réagi le
président du groupe PS, Jean-Pierre Bel. Il ne peut bien sûr que prendre acte du vote de la Haute assemblée. « Pour autant, nous ne baissons pas la garde! », assure-t-il De son côté, Pierre Mauroy, l’ancien Premier ministre de François Mitterrand, le père de la retraite à 60 ans qui vient donc de disparaître, lance un appel devant le grand tribunal du peuple. Autrement dit, rendez-vous est d’ores et déjà donné aux Français en 2012 pour la présidentielle.
Et c'est dans ce contexte politique que la contestation sociale, elle, se poursuit sans attendre 2012. Les étudiants devraient mener des actions mardi prochain et une nouvelle journée nationale de manifestations est prévue pour jeudi.
Des perturbations continuent aussi dans le secteur du pétrole. Les 12 raffineries de France sont à l'arrêt et de nombreux dépôts pétroliers restent bloqués, même si la distribution s'organise un peu mieux. Le ministre de l'Ecologie et de l'Energie Jean-Louis Borloo a reconnu vendredi qu'« entre 20 et 21% » des 12 300 stations-service étaient toujours à sec. Un retour à la normale « prendra encore plusieurs jours », a fait savoir le gouvernement après une réunion spéciale à Matignon, sans donner de date précise.
Il organise toutefois le déblocage. A Grandpuits, le préfet de Seine-et-Marne a pris un nouvel arrêté de réquisition. Le précédent a été annulé jeudi par la justice. A Dunkerque, les grévistes sont désespérés car Total va fermer sa raffinerie située près de cette agglomération.
Enfin, un mot sur ce mouvement de contestation de la réforme des retraites, Marseille croule sous les ordures. Plus de huit mille tonnes de détritus empestent dans la cité phocéenne. Les éboueurs sont en grève depuis douze jours. Les militaires n'ont déblayé pour l'instant que les quartiers commerciaux.