Réforme des retraites: les conséquences économiques du conflit

Depuis le mois de septembre, l'intersyndicale a appelé six fois les Français à se mobiliser contre le projet de réforme des retraites. Face à l'immobilisme du gouvernement, les actions se multiplient et s'intensifient. Journées de grève à répétition, perturbations dans les transports, blocages des raffineries finissent par ralentir l'activité économique du pays et peser lourd pour différents secteurs d'activité. Des pertes qui arrivent au moment où l’économie commence tout juste à se redresser.

Le nerf de la guerre économique c'est le carburant. En France, l'acheminement des produits se fait essentiellement par la route, et faute d'approvisionnement c'est toute l'économie qui tombe en panne. Les secteurs les plus touchés sont les transports, le BTP (bâtiment et travaux publics), l'industrie chimique, et le transport routier.

Le chômage technique menace 15 000 salariés du secteur du BTP. Le manque de gazole pour les engins conjugué à la rupture d’approvisionnement du bitume risquent de stopper les chantiers. L’Union des industries chimiques vient de revoir ses estimations à la hausse et annonce une perte de son chiffre d’affaire journalier proche de 100 millions d’euros. La seule paralysie du port de Marseille lui a coûté plus de 500 millions d’euros.

Le secteur de l’aérien est lui aussi touché. Le conflit pourrait valoir plus cher que le volcan Islandais (188 millions d’euros) aux compagnies aériennes. Du coup elles s'organisent et regroupent les passagers en souffrance sur d'autres vols. Air France estime à 5 millions d’euros le coût d’une journée de grève. A la SNCF où le trafic est perturbé pratiquement tous les jours, depuis un mois, une journée de grève, non reconductible, coûte 20 millions d'euros. De nombreux trains restent immobilisés en gare entrainant une diminution du nombre de voyageurs. Même phénomène pour les trains de marchandises avec en plus des dédommagements à verser aux clients.

La facture s'alourdit de jour en jour pour les transporteurs routiers, mais pour le moment il leur est difficile d’évaluer les pertes, qui sont directement liées à la pénurie de gazole à la pompe.

Menace sur la timide reprise ?

Ce conflit contre la réforme des retraites touche également les PME qui commencent à rencontrer de sérieuses difficultés, surtout celles implantées en zone rurale. Faute d'essence leurs salariés ne peuvent plus se rendre à leur travail. L’acheminement des produits de consommation risque d’être fortement perturbé si le conflit s’enlise. Déjà l'approvisionnement de médicaments dans les pharmacies devient compliqué, le secteur craint une rupture dans les prochains jours. A la veille des vacances de la Toussaint on commence à mesurer l’impact du conflit sur le tourisme, avec un nombre croissant d’annulations.

Ces grèves tombent mal et inquiètent certains économistes qui craignent qu’elles ne viennent contrarier la timide reprise économique. L’Insee a publié cette semaine une série d’indicateurs conjoncturels à la hausse. L’indice du climat des affaires à retrouvé son niveau de mai 2008. Il est encore trop tôt pour dire quel sera, à terme, l’impact économique des mouvements sociaux. Si certaines entreprises risquent de payer cher ce conflit, le coût global pour l’économie nationale devrait rester faible. Pour mémoire, les 22 jours de grève de 1995 ont coûté 0,05 points de PIB à l’économie, soit un milliard d’euros.

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