Bouclier fiscal : Nicolas Sarkozy bouscule ses dogmes

Nicolas Sarkozy a validé mercredi 13 octobre 2010 l'idée d'une remise à plat du système fiscal d'ici mi-2011. Ce qui permettrait de mettre fin au bouclier fiscal, une mesure autant décriée par l'opposition que par une partie de députés UMP, en même temps que l'impôt sur la fortune (ISF). Ainsi, après avoir défendu bec et ongles cette mesure pendant trois ans, la majorité se résout donc à sacrifier ce qui avait été présenté comme un marqueur du quinquennat de Nicolas Sarkozy.

En politique, les dogmes n'ont qu'un temps. En tout cas, c'est ce pense le député UMP (Union pour le mouvement populaire) Lionel Luca, concernant la suppression annoncée du bouclier fiscal : « Evoluer, c’est être intelligent. Le président Mitterrand savait aussi évoluer par rapport à des dogmes de départ. Et tout le monde trouvait ça, à ce moment- là, génial. Donc, je ne vois pas pourquoi on ne trouverait pas tout aussi géniale l’évolution du président Sarkozy ».

Un bouclier fiscal mal perçu

Il ne faut donc pas être surpris de ce retournement car, comme l'explique Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, il y a une bonne raison, à savoir la suppression concomitante de l'ISF, impôt sur la fortune instauré par la gauche : « Si, d’un côté, on supprime le bouclier fiscal, c’est évidemment en contrepartie d’un aménagement de l’ISF (impôt sur les grandes fortunes), de telle manière qu’on ne retrouve pas les injustices d’avant. Donc, ce n’est pas la peine de supprimer le bouclier fiscal ».

Autrement dit, rien à voir avec une manœuvre politicienne destinée à se débarrasser d'un bouclier devenu boulet en vue de la présidentielle de 2012, même si Patrick Balkany, proche de Nicolas Sarkozy, concède que le bouclier était mal perçu : « Le bouclier était une ignominie pour l’image qu’il donnait. C'est-à-dire, donner de l’argent à ceux qui en gagnent le plus ».

Face à ces explications, le socialiste Bruno Le Roux reste sceptique : « Quand il y a une injustice, il ne faut pas attendre. C’est tout de suite qu’il faut la résoudre. Quand on parle d’injustice, cela veut dire qu’il faut y mettre fin ».

La suppression, si elle a lieu, n'interviendra pas avant juin 2011.

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