La suppression du bouclier fiscal « n’est plus un tabou ». Ainsi parlait François Fillon le 3 octobre 2010, à la télévision, sans qu'on sache alors très bien si le Premier ministre s'exerçait à reprendre sa liberté, ou si sa position reflétait celle de l'Elysée.
L'opposition, elle, depuis 2007, ne cesse de dénoncer ce qu'elle appelle « le boulet fiscal » du gouvernement, qui l'oblige à rembourser près de 700 millions d'euros à quelques milliers de très grosses fortunes (30 millions pour la seule Lilliane Bettencourt, du mauvais effet en pleine affaire Woerth). L'argument, d'ailleurs, a fini par porter, puisque près des trois quarts des Français réclament sa suppression. Argument qui pourrait donc être au programme l'an prochain, au prix d'une rhétorique particulièrement savoureuse.
C'est au nom de la « convergence fiscale » avec l'Allemagne, et non pas d'un quelconque reniement, qu'on envisage aujourd'hui la suppression du bouclier fiscal, alors que depuis trois ans, Nicolas Sarkozy loue les vertus du bouclier fiscal en France, inscrit selon lui dans la Constitution allemande.
Ce qui est faux, mais après tout, il n'est jamais trop tard pour dire la vérité aux Français, surtout si ça peut priver la gauche d'un argument de poids à la veille de la présidentielle.