Tous les amoureux éconduits ne deviennent pas des créateurs géniaux, mais c'est bien une déception sentimentale qui a été à l'origine de la création du réseau social Facebook. Mark Zuckerberg, étudiant surdoué d'Harvard et handicapé des sentiments est aujourd'hui à 26 ans l'un des hommes les plus riches du monde. Le scénariste Aaron Sorkin signe un portrait d'une remarquable intelligence. Le réalisateur David Fincher réussit un film tendu qui va aussi vite que le cerveau de Mark Zuckerberg.
« Ce qui m'intéressait, c'est cette époque d'innovation et d'invention qu'on pouvait juxtaposer à l'univers d'Harvard, avance David Fincher. J'ai aussi aimé le fait qu'il n'y avait plus besoin d'engager de la main d'œuvre, d'agencer une chaîne de montage ou de construire une usine et qu'on puisse s'enfermer dans sa chambre avec un pack de bière et un ordinateur portable pour en ressortir quatre semaines plus tard avec une technologie qui va devenir omniprésente. J'ai trouvé ça fascinant. »
Tous les ingrédients sont là : l’ambition, la jalousie, le pouvoir et l’argent. David Fincher filme avec brio l'avènement d'une génération sûre d'elle bousculant le vieux monde sans ménagement. « Harvard est un lieu fascinant, car on y trouve des gens comme les frères Winklevoss qui ont été créés génétiquement pour peupler l'endroit, explique David Fincher. Et à côté il ya les Mark Zuckerberg, plus bizarres, qui peuvent génialement faire une chose. Harvard les trouve, les rassemble et il y a aussi dans le film un concept intéressant... cette idée de la Silicon Valley, de son argent et de la séduction qui en découle. »
Le film est porté par l'énergie de jeunes acteurs convaincants. Andrew Garfield joue Edouardo, le meilleur ami, le seul ami, trahi et sacrifié sur l'autel de la gloire par le fondateur de Facebook. « C'est une invention incroyable, j'ai beaucoup d'admiration pour le projet; c'est la création d'un visionnaire. Mais Facebook n'est que la toile de fond de cette histoire. Le film repose sur la relation entre trois jeunes hommes, leurs tensions, leurs oppositions, le scénario repose là-dessus et c'est ce qui fait la richesse et la puissance du film. »
Les visionnaires ne sont pas forcément des héros, un portrait nuancé d'un jeune homme de 19 ans porté par un réalisateur inspiré.