France-Retraites : les syndicats satisfaits de la mobilisation

Pour la deuxième fois en un peu plus de deux semaines, la France a été perturbée, ce jeudi 23 septembre, par une journée nationale de grève et de manifestations contre la réforme des retraites, test politique majeur pour le président Nicolas Sarkozy.Mobilisation dans la rue en hausse par rapport au 7 septembre, -3 millions de manifestants selon le syndicat CGT-, mais en baisse à moins d'un million, selon la police. La journée d'action contre la réforme des retraites a donné lieu à une bataille de chiffres, rarement aussi contradictoires. Les syndicats attendent du gouvernement qu’il infléchisse sa position.

Avec AFP

La mobilisation pour les retraites se situe « dans les mêmes eaux que le 7 septembre », a estimé le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, jugeant que le gouvernement ne pouvait « pas rester sur sa position intransigeante », sous peine de voir arriver une « nouvelle phase de conflit ».

Pour la deuxième fois en un peu plus de deux semaines, la France faisait face à une journée nationale de grève et de manifestations contre le projet phare de la deuxième partie du mandat de Nicolas Sarkozy.

En tête de la manifestation parisienne, qui s'est ébranlée en début d'après-midi, François Chérèque, secrétaire général du syndicat CFDT, a assuré que le pari était « gagné ». « Ce qu'on attend, c'est que le gouvernement décide de revoir sa réforme et d'en construire une autre », a-t-il ajouté.

Le défilé parisien contre la réforme des retraites -le principal des 231 organisés en France- a rassemblé 300 000 personnes, soit 30 000 de plus que lors de la précédente manifestation du 7 septembre, annoncent les syndicats. Selon une estimation provisoire, la préfecture de police comptait 65 000 manifestants, 15 000 de moins que le 7 septembre.

Les manifestants brandissaient des pancartes, « prisonniers du boulot » ou « à la retraite Sarkozy, raciste ! », une allusion au récent débat sur les expulsions de Roms.

Pour le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, le pari de l'intersyndicale est tenu quelques jours avant le début, le 5 octobre, de l'examen au Sénat du projet de loi déjà adopté sans grand changement à l'Assemblée nationale. Il a appelé à de nouvelles actions si le gouvernement ne suspend pas son projet.

A Marseille, Toulouse ou Nice, villes où les cortèges ont été les premiers à s'ébranler, les Français semblent avoir été nombreux à répondre à l'appel des syndicats.

A Toulouse, les syndicats avancent le chiffre de 120 000 manifestants contre 110 000 il y a deux semaines mais la police parle d'une décrue, avec 25 000 personnes dans le cortège contre 32 000 le 7 septembre.

Le mouvement s’essouffle selon le gouvernement

De nombreux arrêts de travail ont eu lieu, notamment à la SNCF et dans la fonction publique, mais dans une mesure légèrement moindre qu’au début de septembre. 21,44% de grévistes chez les fonctionnaires d’Etat selon le ministère.

Au plus bas dans les sondages, Nicolas Sarkozy veut tenir bon sur cette réforme, sur laquelle il compte pour reprendre la main sur l'agenda politique avant la présidentielle de 2012.

Les importantes divergences dans les chiffres expliquent les appréciations très différentes de l'ampleur du mouvement par les syndicats et le gouvernement.

Le gouvernement affirme que les grèves et manifestations sont moins suivies qu'il y a 15 jours et se sent conforté dans ses choix, notamment sur le report de 60 à 62 ans de l'âge légal du départ à la retraite.

Le gouvernement table sur la lassitude des Français et sur une certaine division du front syndical sur la suite. L'éventualité d'une grève reconductible est désormais brandie comme une menace par la CGT et FO, mais la CFDT refuse de radicaliser le mouvement au-delà d'une nouvelle journée de grèves et de manifestations qui serait organisée en octobre.

Journée noire pour les usagers des transports

Les perturbations ont commencé tôt jeudi matin, affectant essentiellement la circulation des trains et des avions, ainsi que le fonctionnement d'écoles, certaines restant fermées.

Dans les aéroports, les voyageurs connaissaient une journée noire, avec généralement l'annulation de 40% des vols, jusqu'à 50% à l'aéroport parisien d'Orly (contre 25% le 7 septembre).

En revanche, le rail était moins touché : la société SNCF prévoyait de faire rouler un Train à grande vitesse (TGV) sur deux, mais le trafic international était quasi-normal. La direction a recensé 37% de grévistes et les syndicats près de 50%, en léger recul.

Les syndicats, qui ont prévu de se retrouver vendredi pour décider de la suite à donner à leur mouvement, attendent du Sénat qu'il « réduise les injustices » du texte, avec le maintien d'une pension de retraite à taux plein à 65 ans (et non 67 ans comme le prévoit le texte) pour les plus pénalisés.

Nicolas Sarkozy, qui avait déjà concédé quelques aménagements après les manifestations du 7 septembre, pourrait à nouveau faire un geste, probablement en faveur des handicapés, des femmes ou des chômeurs âgés.

Partager :