Mobilisation en France contre la réforme des retraites

Ce mardi 7 septembre 2010 est une journée test pour les syndicats et le gouvernement. C’est la grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Alors que le ministre du Travail Eric Woerth défend sa réforme à l’Assemblée Nationale, les syndicats battent le pavé pour dire non à la retraite à 62 ans. Des manifestations sont prévues dans près de 200 villes françaises tandis que les cortèges parisiens se sont élancés à la mi-journée.

La journée d’action s’annonce forte. Les grandes centrales syndicales attendent près de deux millions de manifestants dans les rues. Ce qui serait supérieur à celle du 24 juin dernier. Elles souhaitent une mobilisation massive pour faire plier le gouvernement. Mais leur marge de manœuvre reste étroite car l’Elysée reste droit dans ses bottes et refuse de négocier le recul de l’âge légal de la retraite à 62 ans.

Face à la détermination du chef de l’Etat, c’est donc un bras de fer qui va se jouer entre les grandes formations syndicales et le gouvernement. Les syndicats sont conscients que le gouvernement ne peut pas reculer. Après avoir expliqué aux Français la nécessité de cette réforme (des retraités de plus en plus nombreux pour de moins en moins d’actifs), bon nombre de salariés ont admis qu’il faudrait travailler plus longtemps. Difficile pour les syndicats de s’opposer à de tels arguments. Reste que pour rester dans leur rôle, ils ne peuvent pas pour autant accepter cette réforme. Les syndicats espèrent arracher des concessions au gouvernement.

Une mobilisation assez contrastée

L’Elysée affirme être à l’écoute de la rue, et ne ferme pas complètement la porte. Si les cortèges sont importants, il est probable que la consigne sera de lâcher du lest. Le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, laissait entendre dimanche soir qu’il « pourrait y avoir des marges de négociation ». La marge de manœuvre pourrait porter sur la pénibilité, les carrières longues et les poly pensionnés. Trois catégories de salariés qualifiées de « fragile » par les syndicats, pour lesquels ils dénoncent une réforme injuste. Le gouvernement pourrait faire des concessions sur ces trois volets à condition que cela ne menace pas l’équilibre financier de la réforme.

Autre piste de négociation proposée par le leader de la CFDT, François Chérèque : le maintien à 65 ans de l’âge de départ en retraite à taux plein, que le gouvernement veut reculer à 67 ans. Selon le leader syndical ce report ne passe pas du tout dans l’opinion publique – un avis partagé par le président du MoDem François Bayrou qui demande à Eric Woerth d’y renoncer, condition préalable à son vote.

Le gouvernement joue sa crédibilité auprès de son électorat

La grève s’annonce dure. Dans les entreprises, le mouvement devrait être bien suivi. Selon un sondage Obea/InfraForces pour le quotidien 20 minutes et France Info, 73% des français approuvent la journée de grève de ce mardi, 3 Français sur 4 la soutiennent. Paradoxalement, la même enquête montre que 65% des sondés n’en attendent rien, certains que le gouvernement ne modifiera pas ses projets.

Les syndicats ont certainement mesuré cette contradiction. Pour preuve : leur décision de ne pas engager une grève reconductible mais d’opter pour une seule journée de grève, qui si elle devait être renouvelée ne pourrait l’être que 15 jours plus tard (délai légal) soit le 23 septembre, date à laquelle le texte aura déjà été voté en première lecture. Le vote solennel devrait avoir lieu le 15 septembre.

Le gouvernement joue sa crédibilité auprès de son électorat et les syndicats leur avenir sur les prochaines batailles à gagner, entre autre celle des retraites des régimes spéciaux pour lesquels la réforme ne s’appliquera qu’à partir de 2018.

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