C'est une rude semaine qui attend Nicolas Sarkozy avec l'ouverture le 7 septembre 2010, du débat sur la réforme des retraites. Car il s'agit d'une réforme -absolument capitale- pour le chef de l’Etat. C'est la dernière grande réforme du quinquennat, et à vingt mois de l'élection présidentielle, le président souhaite en faire un véritable marqueur de son action réformatrice, face à une opposition taxée, elle, « d'immobilisme » par la majorité.
Nicolas Sarkozy joue là véritablement son va tout. S'il ne réussit pas cette réforme , il perdrait alors auprès de son propre électorat de droite son crédit de « président réformateur », lui qui avait fait de sa volonté de « Changer la France » un engagement électoral.
Une gauche requinquée et des syndicats déterminés
Le bras de fer s'annonce donc musclé sur cette réforme éminemment emblématique, d'autant plus que le gouvernement devra affronter une gauche requinquée dans les sondages et des syndicats également très déterminés qui ont eux, plus que jamais besoin de faire enfin la preuve de leur capacité de résistance. Chacun joue donc très gros, comme l'analysait au début de l'été le numéro un de la Confédération générale des travailleurs (CGT) Bernard Thibault : « ce qui va se passer sur les retraites vaudra toutes les enquêtes d'opinion sur la future présidentielle, et le gouvernement le sait. » voilà - parole de syndicaliste - qui éclaire assez bien les enjeux du bras de fer à venir.
Une réforme des retraites défendue par Eric Woerth totalement affaibli
Eric Woerth est complètement essoré par des mois de controverse autour de l'affaire Bettencourt, chaque jour un peu plus affaibli par les révélations qui se multiplient et renforcent les soupçons de conflits d'intérêts qui pèsent contre lui. Serait-il capable de défendre cette réforme si chère à Nicolas Sarkozy ? Même dans la majorité, il sont de plus en plus nombreux à en douter, même si officiellement comme le 5 septembre encore, Claude Guéant le plus proche conseiller de Nicolas Sarkozy, chacun monte au front jour après jour pour le soutenir.
De fait, même les syndicats ne reconnaissent plus en Eric Woerth le bon interlocuteur pour négocier. Et certains leaders syndicaux se réjouissent même que le maintien du ministre pour conduire cette réforme n'aide à « booster les manifestations ».
Enfin, signe de l'inquiétude qui règne également au gouvernement, c'est aux côtés du Premier ministre François Fillon qu'Eric Woerth ira défendre sa réforme le jeudi 9 septembre au soir à la télévision. Cela ressemble bel et bien à un camouflet pour le ministre du Travail. Et cela signifie que c'est désormais le Premier ministre qui est à la manœuvre sur cette réforme.