France : après Liliane Bettencourt, Eric Woerth sera auditionné prochainement

Le ministre du Travail, Eric Woerth, sera entendu prochainement par la brigade financière après l’audition de Liliane Bettencourt lundi, à son domicile de Neuilly-sur-Seine. Pour la première fois, l'héritière de L'Oréal a été interrogée pendant plusieurs heures dans l'enquête portant notamment sur une éventuelle fraude fiscale. Liliane Bettencourt est au centre d'une affaire politique et judiciaire depuis la publication mi-juin d'enregistrements clandestins de ses conversations réalisés par un employé.

Fait rare, ce sont les policiers de la brigade financière qui se sont déplacés à Neuilly sur Seine. Deux heures d'audition à la maison, qui d'ailleurs, n'auront pas forcément permis aux enquêteurs d'avancer beaucoup. Dans l'entourage de Liliane Bettencourt on parle d'un interrogatoire « très désagréable », « courtois », tempère Georges Kiejman l'avocat de la vieille dame, avant d'ajouter « que cette audition a été aussi loin qu'il était possible, s'agissant de souvenirs anciens que sa cliente n'a pas forcément gardés à l'esprit ». Une audition en tout cas difficile à mener, car la milliardaire octogénaire est pratiquement sourde.

Pourtant les questions ne manquaient pas. Les policiers souhaitaient éclaircir en premier lieu la question des avoirs non déclarés à l'étranger. Car l'enquête a déjà démontré que près de 80 millions d'euros étaient cachés sur des comptes suisses. Et les enregistrements clandestins réalisés par le majordome de Liliane Bettencourt laissent penser qu'il y a eu d'autres opérations de fraude fiscale.

Autre sujet d'interrogation : l'île d'Arros aux Seychelles, acquise par les Bettencourt à l'insu du fisc français. Son statut est peu clair. Reste à savoir si Liliane Bettencourt en est toujours la propriétaire.

La milliardaire a-t-elle pu répondre ? Mystère, il semble qu'elle ne soit pas très au fait de tous ces montages financiers comme sur la question des fonds versés aux politiques. Liliane Bettencourt a botté en touche, déclarant « c'est son mari qui gérait ça », a indiqué maître Kiejman, son avocat.

Un versement de 150 000 euros pour la campagne présidentielle

Au tour du ministre du Travail, ex-ministre du Budget, de passer sur le gril mais dans les locaux parisiens de la brigade financière, cette fois. Les interrogations des enquêteurs portent sur l'embauche de Florence Woerth, l'épouse du ministre, au sein de la société Clymène, gérant le patrimoine de Liliane Bettencourt.

C'est le volet «conflit d'intérêts» de l'affaire. Dans les enregistrements clandestins, Patrice de Maistre le gestionnaire de fortune, explique à la milliardaire avoir réalisé cette embauche à la demande du ministre. Or des questions demeurent sur le traitement fiscal appliqué aux Bettencourt. Les enquêteurs veulent savoir si la famille la plus riche de France a bénéficié d'une certaine indulgence de la part de Bercy.

Les interrogations portent aussi sur un versement occulte de 150 000 euros pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

Depuis des jours, Eric Woerth affirme qu'il est impatient de répondre aux questions des enquêteurs pour que la vérité apparaisse au grand jour, et son souhait devrait être prochainement exaucé .

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