Procès Kerviel : les clignotants étaient pourtant au rouge

Chiffres et témoignages à l'appui, l'audience de ce mardi 15 juin 2010 a donné l'impression que les supérieurs de l'ancien trader de la Société Générale lui avaient laissé la bride sur le cou, sans chercher à savoir d'où venaient ses gains, dès l'instant qu'il faisait gagner de l'argent à la banque. Au 6ème jour de ce procès hors du commun, le tribunal a examiné un à un les «signaux», démontrant, selon la défense, que les opérations financières de Jérôme Kerviel ne pouvaient pas passer inaperçues. Compte rendu d’audience.

Parmi les signaux qui auraient du alerter la Société générale sur l’importance des sommes engagées par Jérôme Kerviel, il y a d’abord ses bénéfices : fin 2007, plus de 40 millions d’euros alors que les objectifs assignés à Kerviel étaient de 10 millions d’euros. A lui seul il représentait 40% de l’activité de son desk.

Il y a ensuite les transferts de résultats. Régulièrement Jérôme Kerviel aidait ses camarades traders dans la difficulté : il leur transférait une partie de ses bénéfices, un million d’euros par ci, un autre million par là. C’était cadeau, sans contrepartie comme l’a expliqué l’un d’entre eux et personne ne posait de question.

Mais le signal le plus fort est venu de la Fimat, une société de courtiers filiale de la Société générale, un intermédiaire qu’utilisait Kerviel pour prendre ses positions sur les marchés. Et Kerviel prenait des positions à coup de milliards d’euros. Moussa Bakir, le courtier de la Fimat n’y trouvait rien à redire d’autant qu’il touchait des commissions sur chaque opération. Un million d’euros de bonus au total. A aucun moment la Fimat n’a posé de question à la Société générale dont pourtant elle dépendait.

Alors que tous les clignotants étaient au rouge, difficile d’imaginer que la banque n’ait rien vu.

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