Procès Kerviel : enfin un témoignage en faveur du prévenu

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas au procès de Jérôme Kerviel, l’ex-trader accusé d’avoir fait perdre près de cinq milliards d’euros à la Société générale. Cette quatrième audience vient de s’achever au tribunal correctionnel de Paris.

Ce témoignage est venu ébranler la thèse de l’accusation, celle d’un trader isolé. Benoît Taillieu est un ancien trader de la banque. Pas n‘importe lequel, c’est lui qui a créé le « desk » où travaillait Jérôme Kerviel. Il en connaît tous les rouages.

Aujourd’hui, retiré du monde de la finance, il parle d’autant plus librement qu’il n’a plus rien à craindre pour sa carrière. Et il est formel, la hiérarchie de Kerviel ne pouvait ignorer ses agissements. « C’est comme si Kerviel avait eu un mandat pour acheter dix tonnes de fraises et qu’il avait acheté cent tonnes de pommes de terre sans que le contremaître ne voit rien. C’est ubuesque ! ».

Ses arguments font mouche. La trésorerie de Kerviel : « Comment imaginer qu’il puisse rentrer et sortir des centaines de milliers d’euros par jour sans que ses chefs le voient. Lorsqu’il annonce un gain de 55 millions d’euros en fin d’année, ça fait de lui l’un des dix meilleurs traders de la banque. C’était forcément le fruit d’activités exotiques et risquées ! ». Et il enfonce le clou : « A moins de passer la journée au café, la hiérarchie ne pouvait l’ignorer, et sûrement même, elle cautionnait ».

Les avocats de la Société Générale tentent de le bousculer, mais Benoît Taillieu reste inébranlable. Et ce témoin, bien dérangeant pour la banque, conclut : « C’est une grande injustice que Kerviel soit le seul accusé ».

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