Procès Kerviel : exercice d’équilibriste pour des témoins qui travaillent toujours à la Société générale

L’ancien trader, accusé d’avoir fait perdre près de cinq milliards d’euros à son employeur la Société Générale, affirme que ses supérieurs étaient au courant de ses prises de risques. Des quatre ex-collègues prévus pour témoigner, un seul est arrivé au palais de justice. L’exercice est difficile pour ce témoin qui travaille toujours pour la banque.

Salim Ménouchi est toujours trader à la Société Générale et à l’époque des faits, il travaillait dans la même salle des marchés, à quelques mètres de Jérôme Kerviel. « Kerviel, explique-t-il, avait fait une année 2007 exceptionnelle. Il avait une réputation de sérieux et de bosseur. Le vendredi 18 janvier 2008, nous sommes allés boire un verre après le travail. Kerviel était assez tendu. Il m’a dit qu’il avait quelques problèmes. Je l’ai rassuré. Mais le lendemain, je reçois un SMS : « Je vais me faire virer. Content de t’avoir connu ».

Les positions cachées de Jérôme Kerviel viennent d’être découvertes, l’affaire éclate. A la barre, l’ancien collègue de Jérôme Kerviel n’a pas d’explications à donner. Il se dit seulement déçu par son comportement qui a mis en danger la banque.

La défense l’interroge : « Dépassiez-vous également les limites fixées ? ». Le témoin jette alors un regard vers le banc des parties civiles où siègent les représentants de la banque et là, il ne fait pas de cadeaux à Kerviel : « Ce n’est pas standard de dépasser les limites. On ne peut le faire qu’avec l’accord des chefs ». Question de la défense : « Si vous disiez du mal de la Société générale, conserveriez-vous votre poste ? »
« Absolument ! ».

Rires dans la salle, mais cette réponse fragilise cette déposition un peu téléguidée.

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