Avec notre envoyé spécial au Palais de justice de Paris, Frank Alexandre
« Sur les marchés financiers, une erreur peut coûter dix fois plus cher qu’une opération réussie. Donc, on ne peut pas s’écarter des limites fixées, aucune banque ne le tolère », affirme Jen-François Lepetit, ex-président de la Commission des opérations de bourse.
La limite pour Jérôme Kerviel était de 125 millions d’euros par jour, une barrière qu’il a dépassée très largement puisqu’il a misé au total jusqu’à 49 milliards d’euros. Certes, souligne Jean-François Lepetit, « on peut toujours dépasser une limite lorsque les marchés sont bons, sont porteurs, mais il faut le faire en toute transparence avec l’aval de sa hiérarchie ».
La transparence, c’est tout l’enjeu de ce procès. La Société Générale pouvait-elle vraiment ignorer les agissements de son trader ?
A la barre, Jérôme Kerviel se défend âprement. « Les techniques, je ne les ai pas inventées. Je les voyais pratiquées par d’autres. Que je sois allé trop loin, je le reconnais mais le système, je ne l’ai pas inventé », dit-il.
La banque répond par la voix de Jean-Pierre Mustier, l’ancien supérieur de Jérôme Kerviel : « Il a pris des risques criminels. Ce n’est pas Robin des Bois », dit-il, avant de conclure : « Kerviel est le trader qui a perdu le plus d’argent au monde. Il mourra comme étant le trader qui a perdu le plus d’argent dans le monde ».