Ouverture en France du procès de Jérôme Kerviel, ex-trader de la Société Générale

En plein questionnement mondial sur la finance, le procès de Jérôme Kerviel, ex-trader de la Société générale, tenu pour responsable d'une perte record de 4,9 milliards d'euros en 2008, s'ouvre ce mardi 8 juin 2010 à Paris. Poursuivi pour «faux, usage de faux, abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système informatique», le jeune homme de 33 ans encourt jusqu'à cinq ans de prison et 375 000 euros d'amende. Si la société Générale accuse son ancien employé de faussaire, Kerviel, de son côté, incrimine le système financier qui l'aurait conduit dans un engrenage.

Les enquêteurs ont abordé l'affaire de manière très prudente. Il est vrai que l'affaire Kerviel, premier choc du monde de la finance en 2008, a été relativisée par la crise des subprimes, et la multiplication des faillites bancaires.

Contre l'avis du parquet, les magistrats ont donc choisi de rejeter l'accusation d'escroquerie. Cela n'a pas empêché l'instruction de se terminer de façon très tendue, Kerviel accusant les juges de partialité. Car si l'ordonnance de renvoi écarte la responsabilité de la banque, l'enquête a néanmoins mis en évidence que la Société Générale avait négligé plus de 70 alertes sur le comportement de Jérôme Kerviel.

Les charges sont essentiellement fondées sur les propres déclarations du trader. Il a reconnu avoir dépassé la limite d'engagement de 125 millions d'euros par jour, allant jusqu'à risquer au total 49 milliards d'euros. Il a admis avoir entré des transactions fictives pour dissimuler ses opérations risquées, des mensonges réitérés, précise l'instruction, qui ont pu mettre en échec les contrôles.

Pour sa défense, Jérôme Kerviel incrimine sa hiérarchie qui aurait, dit-il, fermé les yeux sur ses agissements tant que l'argent rentrait. 

Alors que ce procès a pour toile de fond un vif débat sur les marchés financiers et leurs spéculations risquées, cette thèse a d'autant plus de chance d'être entendue.

 

 

Partager :