Taoufic Zizi garde un bon souvenir de Jérôme Kerviel, son collègue de travail.
« Kerviel était impressionnant », dit-il, «peu de gens arrivent à gagner un ou deux millions d’euros par jour, pour moi c’était un trader star».
De son côté, la banque a toujours affirmé que Kerviel était un trader moyen. « Le fait de gagner deux millions d’euros en un jour, c’est inhabituel », poursuit Taoufic Zizi. « Il passait des ordres à longueur de journées, on ne pouvait pas ne pas voir. On pouvait même imaginer que les supérieurs laissaient faire tant qu’il gagnait », ajoute-t-il.
Sur le banc des parties civiles, les représentants de la banque font profil bas. Le président du tribunal interroge Kerviel sur sa trésorerie. Une trésorerie qui, en 2007, fait le yo-yo : moins 2,5 milliards d’euros en juillet, puis plus 1,4 milliard en décembre.
Kerviel s’explique : « Quand j’étais déficitaire, j’empruntais un milliard d’euros à la trésorerie de la banque pour me renflouer ». Visiblement gênés, les représentants de la Société Générale tentent une explication : « Cela peut signifier que l’argent va revenir, qu’il va réaliser une bonne opération ».
On est pourtant loin des limites officiellement fixées par la banque. « Lorsque j’étais positif de 1,4 milliard, poursuit Kerviel, mes supérieurs m’ont demandé de prêter 600 millions d’euros à mes collègues ». Là encore, la banque, elle, a toujours affirmé jusqu’ici que Kerviel avait caché cet excédent stratosphérique.