Le président Nicolas Sarkozy voulait une intervention « pédagogique ». Il a donc fait en sorte d'expliquer tous les termes des décisions signées au sommet européen.
Sortir de la crise
« On a évité la catastrophe ».Dès le début de son intervention, le chef de l'Etat est clair. Il a encore du travail. « Faut savoir être humble et dire la vérité, nous entrons à peine dans un monde nouveau. » Il réaffirme l'implication de la France dans le sauvetage de la Grèce.
Nicolas Sarkozy a expliqué l'importance de l'effacement de la dette de la Grèce pour l'économie française : « Si la Grèce était déclarée en faillite, elle ne pourrait plus rembourser sa dette. Et c’est un processus en cascade qui aurait été déclenché et aurait emporté toute l'Europe. »
« La Grèce peut se sauver grâce aux décisions prises » mercredi soir, à Bruxelles. Pour Nicolas Sarkozy la balle est désormais dans le camp grec. C'est au gouvernement de mettre en place les mesures nécessaires pour que l'effacement de 50% de sa dette suffise à lui sortir la tête de l'eau.
Pas un centime du contribuable français engagé
« La France a prêté 11,5 milliards d’euros et les intérêts ont rapporté 200 millions d’euros. Ça n’a rien coûté aux Français. » Nicolas Sarkozy est ferme dans ses propos : « Il est hors de question que le contribuable soit mis à contribution pour réparer les erreurs des banques ». Il s'agit d'un engagement qu’il avait déjà exprimé lors d’un discours à Toulon : « Aucun d’entre vous ne perdra ses économies ». « Vous pouvez avoir confiance en la solidité de vos banques. »
Les liens France-Allemagne
Après avoir fait un rappel historique, le président français assure que les deux pays travaillent ensemble. Il va même plus loin : « Si la France et l'Allemagne n'avaient pas marché main dans la main, l'Europe n'aurait pas résisté ».
« Nous devons réfléchir à la convergence de fiscalité entre la France et l’Allemagne pour construire une économie plus solide. » Le chef de l’Etat a cité plusieurs pistes : « Même impôt sur bénéfice des sociétés, une TVA harmonisée, des hypothèses de budgets validés, une fiscalité du patrimoine… » Pour Nicolas Sarkozy, le couple franco-allemand est primordial : « S'il n’y a plus l'Allemagne et la France en Europe, il n’y a plus d’Europe ».
Nouvelles mesures d’austérité
Sur ce volet, le chef de l’Etat n’a pas donné d’idées concrètes. « Nous travaillons », a-t-il déclaré. Nicolas Sarkozy prévoit l’annonce des futures mesures après le G20, prévu la semaine prochaine. « Ça ne sert à rien d’annoncer des perspectives sans savoir ce qu’il se passera au G20 ». Pour le président, il faut moins dépenser et poursuivre les investissements et par conséquent les réformes. « Nous dépensons plus que ce que nous avons. » Il y a entre 6 et 8 milliards d'euros à trouver. Par ailleurs, la règle d’or n’est pas enterrée. Elle a d’ailleurs été votée mercredi soir au sommet européen. Nicolas Sarkozy affirme qu'elle sera obligatoire, d’ici à la fin 2012, pour tous les pays de l’Union européenne.
Hausse de la TVA
Nicolas Sarkozy est catégorique : « Je ne voterai pas une mesure qui pèsera sur la consommation des Français. Cela serait facile et injuste. Je n’accepterai pas une hausse généralisée de la TVA. Et j’en ai parlé avec M. Fillon. »
Poursuite des réformes et suppressions de postes
Pour le président, la réduction des dépenses passe par des coupes budgétaires. Et toutes celles qui ont été entamées seront prolongées. A commencer par le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux : « Nous avons trop de fonctionnaires. (…) 150 000 postes ont été supprimés et il faudra continuer ».
Les mouvements sociaux ne l’intimident pas et il attaque déjà sans le nommer son probable futur concurrent pour la présidentielle de 2012 en critiquant l'un des projets de François Hollande : « 60 000 professeurs de plus, mais où est-ce qu’on va trouver l’argent ? (…) Dans notre pays, on a trop cédé à la rue à cause de sa capacité de nuisance et non parce que c’était juste. » L’avenir de la France se résume toujours dans son slogan de campagne présidentielle de 2007 : « Travailler plus, pour gagner plus ». Il faudra « moins d’assistanat et plus d’investissement. »
Candidat à l’élection présidentielle de 2012 ?
Pas de déclaration hâtive pour Nicolas Sarkozy. Il se concentre sur la crise : « J’ai un travail à faire en une période épouvantablement difficile. (…) Le débat sur la question de ma candidature sera tranché fin janvier, début février ». Lorsqu’on lui parle des sondages et de sa cote de popularité en baisse (seulement 31% des Français sont satisfaits de son action), le président répond : « S’il y a une personne qui ne doit pas prendre en compte les sondages, c’est le président ». Il ne fera pas, non plus, de déclaration sur son éventuel rival François Hollande : « N’attendez pas un mot de moi contre des personnes que je respecte. (…) Nous gagnerons à parler des idées et à moins se critiquer. Cela entraîne vers le bas ».
Les affaires judiciaires: Karachi et Squarcini
« La transparence, je suis d’accord. La calomnie, non », déclare Nicolas Sarkozy.
Pour le chef de l'Etat, s'il y avait une affaire de corruption avérée, en 17 ans, les preuves auraient été rendues publiques. « Il ne sortira rien » de la mise en cause de Nicolas Bazire dans cette affaire de corruption présumée en marge de contrats d'armement français (qui pourraient être en lien avec l'attentat de Karachi en 2002). Nicolas Sarkozy soutient son ami : « C’est un homme profondément honnête et tout le monde le sait. »
Concernant la mise en examen du chef du renseignement français, Bernard Squarcini, Nicolas Sarkozy demande « de laisser la justice faire son travail ». Pour le président, il n'y a pas lieu de sanctionner avant que les faits ne soient établis. Il interpelle même le journaliste, Yves Calvi : « Vous inventez la présomption de culpabilité ! ».