Les réactions européennes aux propositions grecques de sortie de crise

Le gouvernement grec a fait parvenir jeudi 9 juillet au soir ses propositions de réformes à l’Union européenne en échange d’un nouveau plan d’aide internationale. Des propositions jugées « approfondies » par le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, qui devait s’entretenir à 11 h TU (13 h à Paris) par téléphone avec les dirigeants de la Commission européenne, de la BCE et du FMI. Cela semble de bon augure au regard des concessions très larges que fait la Grèce dans ce document. Les experts ont commencé leur évaluation des propositions grecques à 8h30 ce vendredi matin.

« Décision majeure »

Pour le président de l'Eurogroupe, le texte proposé par Athènes est« des plus approfondis ». « Nous devons soigneusement étudier la proposition pour voir si elle est bonne et si les comptes sont justes », a ajouté Jeroen Dijsselbloem, par ailleurs ministre hollandais des Finances. Pour lui, une « décision majeure » est envisageable ce samedi, quand les ministres des Finances de la zone euro doivent se rencontrer lors d'une réunion exceptionnelle pour étudier les nouvelles propositions de la Grèce afin de pouvoir bénéficier d'une aide d'urgence.

Les ultimes propositions ont en tout cas été très rapidement saluées par la France, premier pays à réagir après leur publication. Ce vendredi 10 juillet, François Hollande les a jugées « sérieuses » et « crédibles ». Pour le président français, « les Grecs viennent de montrer une détermination à vouloir rester dans la zone euro ».

Le texte doit être soumis au Parlement grec ce vendredi, ce qui montre« de la force, de l'engagement et je le dis aussi, du courage », a salué le chef d'Etat français, qui a de nouveau insisté sur l'importance de signer un accord entre Athènes et ses créanciers. Il faut « tout faire pour qu'il y ait un accord, un bon accord, un accord respectueux des règles européennes [...], respectueux aussi des Grecs ». Et de conclure que « rien n'est encore fait, mais tout doit être fait » et que les « heures qui viennent seront importantes » pour un accord.

En visite en Espagne, le ministre français de l'Economie a quant à lui appelé à une restructuration de la dette grecque. « Le niveau de réformes est de nature à répondre aux attentes, a déclaré Emmanuel Macron. Dans ce contexte, il est évident que les éléments d'une restructuration de la dette se poseront. »

Même son de cloche pour le chef du gouvernement italien. Matteo Renzi s'est déclaré « plus optimiste » ce vendredi concernant la possibilité de trouver une solution à la crise grecque, espérant qu'un accord puisse intervenir dès samedi.

Détente en Europe centrale

Plus surprenant, plusieurs pays d'Europe centrale ont calmé le ton, après avoir pris leurs distances avec Athènes, à l'image du chancelier autrichien Werner Faymann. « Il n'y a pas encore de résultat, mais il existe une chance d'accord et nous devons saisir sérieusement cette chance, a déclaré ce vendredi le dirigeant social-démocrate. Les forces constructives doivent désormais être plus puissantes que celles qui ne veulent un accord à aucun prix. »

Sur une ligne encore plus dure vis-à-vis de la Grèce, le ministre slovaque des Finances a bien accueilli ces nouvelles propositions du gouvernement Tsipras. « Il semble que nous ayons un progrès sur la Grèce. Il n'est pas encore clair si cela sera suffisant, ou si d'autres mesures seront nécessaires », a déclaré Peter Kazimir sur Twitter.

Berlin sur la réserve

Le gouvernement allemand reste sur la réserve contrairement à Paris. Le porte-parole d’Angela Merkel s’est refusé à tout commentaire sur leur contenu. « Si le gouvernement grec présente des propositions sérieuses, alors nous pourrions nous présenter devant le Bundestag et lui demander de nous confier un mandat pour entamer des négociations », a estimé Steffen Seibert, ajoutant que la réunion des ministres des Finances de la zone euro sur la Grèce qui a lieu ce samedi 11 juillet était « complètement ouverte ».

Sur le dossier très sensible d’une restructuration de la dette grecque dont Berlin ne veut à la base pas entendre parler, le porte-parole du ministre des Finances Wolfgang Schäuble a déclaré avoir « très peu de marges de manœuvre ». Il s’est opposé à toute décision qui « diminuerait de façon significative la valeur de la dette », suivant ainsi la chancelière allemande Angela Merkel, qui a réaffirmé ce jeudi sa ferme opposition à une « réduction » de la dette grecque.

Vote imprévisible au Bundestag

Quelques députés ont été plus directs, notamment à droite, où l’on est très remonté contre Athènes. Un responsable parlementaire chrétien-démocrate s’est interrogé sur la crédibilité des propositions grecques qui reprennent dans une large mesure celles qui ont été rejetées dimanche dernier. Un ancien ministre d’Angela Merkel a lui posé cette question : « soit le gouvernement grec trompe son propre peuple, soit il veut nous tromper une fois de plus ».

A gauche, on est plus ouvert. Mais une chose est claire, si un accord intervient ce week-end, le vote nécessaire du Bundestag la semaine prochaine pour permettre à Angela Merkel de négocier ne sera pas une partie de plaisir pour la chancelière.

Une position qui tranche clairement avec celle de la France, qui pousse au contraire depuis quelques jours pour un accord. Des divergences franco-allemandes que Paris continue de nier sur le fond. S'il y a des « sensibilités et des rapports avec la Grèce qui sont différents [...] nos deux pays agissent de concert pour trouver des solutions », a assuré le Premier ministre français Manuel Valls.

(Avec AFP)


A l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), on suit de très près les négociations entre la Grèce et les autres pays de la zone euro. La Grèce est en effet membre de l'organisation et le secrétaire général de l'OCDE, le mexicain Angel Gurria, est plutôt optimiste quant à l'issue de la crise.

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