Un œil vers Athènes, l'autre sur leur calculatrice, les pays de la zone euro attendent avec impatience de connaitre le plan de réformes promis par le chef du gouvernement grec, mercredi 8 juillet au Parlement européen. Devant les eurodéputés, Alexis Tsipras s'est en effet engagé à présenter d'ici ce jeudi soir de « nouvelles propositions concrètes de réformes crédibles » en vue d'obtenir un nouveau plan d'aide européen.
En guise d'avant-goût, le ministre grec des Finances a évoqué des réformes concernant les impôts et les retraites dès la semaine prochaine. Voilà donc ce qui attend les Grecs en cas d'accord sur un nouveau financement. Dans le cas contraire, Athènes sortira de la zone euro. Une perspective qui semblait encore, il y a peu, improbable, mais qui est désormais une hypothèse de plus en plus plausible.
Mais nous n'en sommes pas encore là, puisque le gouvernement grec a officiellement sollicité une nouvelle aide auprès de ses partenaires via le Mécanisme européen de stabilité (le montant n'a pas été spécifié). Entré en vigueur en septembre 2012, le MES basé à Luxembourg est la dernière née des institutions et agences de l’Union européenne. Elle est la fusion des entités mises en place pour contrer les effets négatifs de la crise économique venue des Etats-Unis en 2008.
Le garde-fou de la zone euro face aux crises
Dans un premier temps, l’Union européenne avait voulu consolider son union économique et monétaire, c'est-à-dire protéger la zone euro des turbulences extérieures, en créant un fonds et un mécanisme de stabilité financière. Plutôt efficaces, mais créés dans l’urgence, ceux-ci pâtissaient d’une absence de base juridique. Leur fusion et leur consécration par un traité spécifique sont à l’origine du MES.
Celui-ci est statutairement autorisé à lever des fonds sur les marchés mondiaux en cas de coup dur, jusqu’à concurrence de 700 milliards d’euros (chaque pays membre y contribue, en fonction de son PIB). Il peut donc sans difficulté, mais sous conditions, répondre à une demande de la part de la Grèce. Sa mission est de secourir les pays de la zone euro qui se retrouveraient en difficulté, Le MES peut également participer au soutien du secteur bancaire menacé.
En somme, c'est un peu le garde-fou de la zone euro, précisément mis en place pour le type de crise que traverse la Grèce. Un fonds de sauvetage européen, avec un capital qui représente une caution face aux investisseurs et leur garantit la solvabilité des pays endettés.
Droit de veto pour les principaux contributeurs
C'est au conseil des gouverneurs que reviendra la décision finale de prêter de l'argent à la Grèce. Le président du MES, le ministre des Finances néerlandais, a demandé au FMI de l'aider à évaluer la dette du pays. C'est l'une des conditions de l'octroi de ce prêt. Il a demandé l'avis de la Commission et de la Banque centrale européenne.
Ce soutien financier, sous ses différentes formes, est soumis à de strictes conditionnalités, rappelle notre correspondant auprès des institutions européennes. La première conditionnalité est un examen du dossier par les experts, précisément, de la troïka (FMI, BCE et Commission européenne).
Les statuts du MES confèrent un pouvoir de veto de fait aux pays qui contribuent le plus à son capital. Dans ce dernier cas, cela impose un filtre supplémentaire à toute requête grecque.