Retour sur une journée grecque au Parlement européen

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a participé à une séance plénière historique du Parlement de Strasbourg ce mercredi 8 juillet. Face à des eurodéputés pleinement concentrés sur le cas grec, il s'est engagé à présenter des propositions de réformes concrètes et crédibles à ses partenaires dès demain jeudi, comme ils l'exigeaient. A la mi-journée, la Grèce a par ailleurs effectué une demande d'aide formelle au Mécanisme européen de stabilité.

• L'essentiel des déclarations d'Alexis Tsipras :

Le Premier ministre grec s’est exprimé ce mercredi face aux eurodéputés du Parlement de Strasbourg. « Mon pays a servi à expérimenter l’austérité. L’expérience, reconnaissons-le, a échoué », a d'abord dit le chef du gouvernement, avant de critiquer ses prédécesseurs qui, explique-t-il, ont « permis » pendant des années la fraude fiscale, le clientélisme et la corruption.

M. Tsipras n’a pas encore formulé de propositions concrètes de réformes, mais il a donné des pistes. Les réformes qu’il compte présenter - jeudi, s'est-il engagé - sont fondées sur une « juste répartition du fardeau », avec une modernisation de l'Etat, mais aussi la lutte contre le règne des oligarchies et des cartels, ou encore contre la fraude et l’évasion fiscale. Il souhaite passer par le « moins de risques de récession possible », car le Premier ministre fait de la croissance son « premier objectif ».

Il faut créer de l’emploi, soutenir les entreprises, stimuler les échanges et le commerce, plaide-t-il. Evidemment, pour cela, il faut trouver une solution sur cette « dette impayable », a souligné Alexis Tsipras. Alors, les « propositions concrètes » de ces grands axes, pour les entendre, les partenaires européens de la Grèce devront attendre jeudi, même si le nouveau ministre des Finances, en marge de la rencontre du Parlement européen, vient d'en dire un peu plus, en promettant dès la semaine prochaine une réforme des impôts et des retraites.

Un décret ministériel de prolongation de la fermeture des banques sera promulgué mercredi a déclaré en début d'après-midi un haut fonctionnaire gouvernemental.Les banques sont fermées depuis déjà huit jours ouvrables. Les banques grecques ont toutes les peines du monde à alimenter leurs distributeurs de billets, épuisant progressivement la monnaie en circulation. Les retraits sont plafonnés à 60 euros par jour.

• Le fil des évènements (cliquer ici pour rafraîchir) :

13h22: Le président du Conseil européen, Donald Tusk, conclut les débats : « Presque tout le monde parle de la nécessité de nous unir ». Mais il relève des « avis divergents » sur ce que doit être l'Europe.

« Il faut retrouver nos principes simples. Nous devons dans cette crise nous respecter. Deuxièmement, on se doit de payer ses dettes contractées envers les autres. Troisièmement, il est tout simplement impossible de continuer à dépenser bien plus que ce que l'on gagne. C'est cela la raison de la crise pas la devise commune. Quatrièmement, faites-vous aider par vos amis et non pas par vos ennemis. Et en dernier lieu, si vous voulez secourir un ami à terre, ne l'humiliez pas. Aujourd'hui, nous devons nous montrer unis, non parce que c'est une belle idée, mais parce que c'est absolument nécessaire afin de prendre des décisions concrètes. (...) C'est la toute dernière chance pour nous. »

13h20: Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, affirme que « cela a été une erreur de quitter la table des négociations », car c'est « notre place », assure-t-il. « Les négociations ont lieu à huis clos et on ne peut rien y changer », explique-t-il, mais le Luxembourgeois affirme que pendant les négociations entre les trois institutions et le gouvernement grec, il a été demandé notamment que les armateurs grecs soient imposés. « Il faut qu'il y ait une politique de relance », insiste-t-il par ailleurs.

13h15: Alexis Tsipras rassure le Parlement européen : « Je n'ai aucun dessein caché, je parle à carte ouverte. » « Nous voulons un programme soutenable pour être en mesure de rembourser les prêts », plaide-t-il. Il rappelle qu'en 1953, l'Allemagne a vu une partie de sa dette effacée. « En effet, pendant ces cinq mois, nous avons plus négocié que gouverné dans des conditions d'asphyxie (...) Malgré tout, nous avons réussi certaines choses. »

« Après trois ans, nous avons ouvert la fameuse liste Lagarde, nous avons essayé de référer à la justice certains des évadés fiscaux, nous avons passé un accord avec la Suisse, nous avons une loi pour éviter les transactions triangulaires, nous avons demandé aux médias de payer leurs taxes, nous avons renforcé les contrôles douaniers », résume-t-il. « Nous demandons votre soutien pour changer la Grèce. Nous serons jugés sur la base de cet effort. »

Et M. Tsipras de formuler une réponse concrète à la demande de ses créanciers : « Le débat ne concerne pas exclusivement un pays mais l'avenir de notre édifice commun de la zone euro. Assumons tous nos responsabilités. Demain, nous allons soumettre des propositions pour un accord juste. Je respecte tout à fait les lois qui régissent la zone euro. » Avant de terminer sa réponse aux parlementaires européens sur une référence à l'auteur antique Sophocle : « La justice des hommes est venue. »

13h10: M. Tsipras affirme que la Grèce a déposé lundi un nouveau texte avec des propositions de base qui ont été acceptés par les trois institutions européennes. En revanche, le Premier ministre grec dénonce les tentatives d'ingérance dans son pays. Il affirme que malgré le plan d'aide, la Grèce doit pouvoir faire ses choix. Néanmoins, il concède que certaines mesures doivent être adoptées, comme l'annulation des pré-retraites en Grèce.

13h05: Alexis Tsipras répond aux questions des parlementaires. Il entame son propos en regrettant qu'un tel débat, qu'il juge « très constructif », n'ait pas eu lieu plus tôt pour la Grèce mais plus largement pour l'Europe. « Je voudrais signaler en toute franchise que dans cette cause européenne, si le débat et la négociation avaient eu lieu uniquement entre le côté grec et la Commission, nous aurions trouvé un accord dans le passé. Malheureusement, nous avions l'obligation de discuter avec trois institutions distinctes et avec bien souvent des vues divergentes et conflictuelles. »

12h50 : Alors que les débats se poursuivent à Strasbourg, la zone euro a reçu une demande de la part de la Grèce pour un troisième programme d'aide, annonce un porte-parole du Mécanisme européen de stabilité (MES). Cette requête porte sur un prêt de trois ans, mais aucune somme n'est mentionnée. Cette demande était attendue après le sommet de la zone euro, hier à Bruxelles. Pour rappel, les dirigeants de l'Eurogroupe se sont donnés jusqu'à dimanche pour décider si oui ou non, Athènes pourra bénéficier d'un nouveau programme d'aide, sans lequel la Grèce risque de devoir quitter l'euro.

Avant jeudi soir à minuit, le gouvernement grec doit désormais faire parvenir à ses partenaires européen un programme de réformes économiques « détaillées » et « crédibles » à mettre en œuvre en échange de cette aide. La demande de prêt adressée ce mercredi par la Grèce au MES va être examinée non par les ministres des Finances de la zone euro mais par le groupe de travail qui réunit les directeurs du Trésor, déclare la présidence de l'Eurogroupe.

12h50: Sylvie Guillaume, du groupe Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen : « Face à cette situation de crise commune, est-ce que l’on sait apporter une réponse commune ? » Elle reproche le retour aux égoïsmes nationaux et dénonce l’inefficacité de cette démarche.

12h45: Gunnar Hökmark (PPE, centre droit européen) s'adresse durement à Alexis Tsipras : « Qu'avez-vous fait pendant cinq mois ? (...) La perception d'impôts ne fonctionne toujours pas, les entreprises partent, l'économie est à l'arrêt. (...) Prenez vos responsabilités ! »

12h40: Iratxe Garcia Peres (parti socialiste européen) adresse un message de solidarité au peuple grec avant de s'adresser aux parlementaires : « Vous devez laisser de côté les intérêts particuliers et partisans (..) Ici, nous sommes des partenaires européens. Si nous n'agissons pas comme tel, nous allons mettre en péril le projet européen », avertit-elle.« Il n'y a pas de temps à perdre en repproches. »

12h35: Pour Pervenche Berès, la méthode communautaire est peut-être le moyen de dépasser « les égoïsmes nationaux » et de retrouver la voix de solidarité. Le sujet de la dette doit permettre de mobiliser tous les Européens, souligne-t-elle. « Nous sommes à votre disposition », affirme-t-elle à l'égard de Tsipras.

12h30: Elisa Ferreira de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen : « Nous ne pouvons payer des dettes avec des économies en récession forcée. » « L'Europe n'arrive pas à résoudre un problème qui ne représente que 2,5 % de sa richesse », souligne-t-elle avec ironie. « Les solutions techniques existent, c'est une question de volonté politique ! » 

12h25: Giorgios Kyrstos du Parti populaire européen (PPE, centre droit européen), lance : « Si M. Tsipras ose, nous allons décevoir les faux amis de la Grèce de l'extrême droite qui se sont manifestés aujourd'hui. »

12h10: Le député grec Nicos Androulakis, du groupe de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement : « Quel est le mandat populaire du gouvernement grec ? » Il dénonce les spéculateurs qui veulent acheter la Grèce. « Nous devons respecter les sacrifices des Grecs les plus pauvres. » L'euro est un choix national selon lui.

12h05: Une représentante du Parti populaire européen (PPE) apostrophe Alexis Tsipras : « Vous n'avez rien dit de concret ! » Et d'affirmer : « Nous ne sommes pas d'accord avec votre politique », dénonçant les mesures prises, jugées insuffisantes.

11h40 : Pablo Iglesias, du parti anti-austérité espagnol Podemos, prend la parole : « Je lance un appel aux socialistes. Franchissez le pas, défendez les droits sociaux et mettez un terme à cette maudite coalition qui nous mène droit dans le mur. »

11h30 : Eva Joly, eurodéputée française écologiste : « Oui, nous allons devoir payer » pour éviter l'éclatement de la zone euro.

11h25: Dimitrios Papadimoulis, du parti grec d'Alexis Tsipras Syriza, prend à partie la Française Marine Le Pen et demande à ce qu'elle cesse de faire le jeu des populistes. Il demande « une économie seine, un meilleur système fiscal, rompre le cercle des oligarques » pour la Grèce. Pour cela, il faut une solution européenne à la question de la dette, plaide-t-il. 

11h20: La Française Sylvie Goulard, de l'alliance démocrate et libérale européenne (ADLE), souhaite que le Parlement change de méthode. « Il n'y a qu'un euro », martèle-t-elle. Elle souhaite que la Grèce accepte de mener des réformes contrôlées par le Parlement européen. « Sur quoi êtes-vous prêts à dire oui ? », interroge-t-elle directement à l'adresse d'Alexis Tsipras. En réponse à Synadinos, elle rappelle que ce sont les Américains et le traité de Versailles, qui ont obligé l'abandon des dettes de guerre.

11h15: Le député non inscrit grec Eleftherios Synadinos accuse l'Allemagne qui, depuis la Seconde Guerre mondiale, doit des millions à la Grèce et qui refuse de lui rembourser. « Nous pouvons vivre sans la zone euro ! », dit-il.

11h10: Marine Le Pen, du parti français Front national, eurosceptique, prône la sortie de la Grèce de la zone euro. Elle souligne que le peuple grec a repoussé via le référendum la voie de l'Europe qui lui impose trop d'austérité. Elle accuse directement les membres de l'UE de vouloir imposer au peuple grec ce qu'ils ne feraient pas à leur propre peuple. Elle affirme qu'ils ont peur que les Grecs réussissent à s'en sortir sans l'euro : « Et bah non, l'euro, ce n'est pas pour toujours ! », s'enthousiasme-t-elle.

11h04: Nigel Farage, chef de file du Parti de l'indépendance du Royaume-Uni (Ukip, eurosceptique) : « Nous voyons une différence irréconcilibale entre la Grèce et l'Allemagne, entre le Nord et le Sud. L'Europe est en train de mourir. Le plan européen a échoué. Entre le Nord et le Sud, il y a un nouveau Mur de Berlin, qui s'appelle la zone euro. Votre pays, M. Tsipras, n'aurait jamais dû adhérer à l'euro, mais les grandes banques vous y ont contraints. » On ne peut pas avoir tout ce qu'on souhaite, insiste-t-il. Et d'ajouter : « Si vous en avez le courage, quittez l'euro, recouvrez votre liberté ! Ce sera dur les premiers mois, mais vous allez refaire surface. »

11h00: l'eurodéputée allemande Gabriele Zimmer, représentante du groupe de la Gauche unitaire européenne, à l'adresse de ses collègues : « Vous ne pouvez pas faire comme s'il ne s'était rien passé dimanche dernier. Les gens n'en peuvent plus (...) Il faut obtenir une solution durable et respecter la décision de dimanche dernier. »

10h30: Fin du discours d'Alexis Tsipras. Le Premier ministre a promis que son gouvernement répondrait à l'ultimatum européen dans les deux ou trois jours qui viennent. Les parlementaires européens prennent maintenant tour à tour la parole et posent leurs questions au Premier ministre grec, qui s'exprimera à son tour après cette phase de la séance.

10h25: « L'Europe se trouve dans un carrefour historique », déclare Alexis Tsipras. Il souligne que le problème grec est un problème européen. Il affirme ne pas douter que « chacun prendra ses responsabilités historiques ». Et conclut : « Ne laissons pas l'Europe se diviser ! »

10h20 : Tsipras dénonce le fait que depuis août, la Grèce n'a pas reçu 7,2 milliards d'euros du programme de sauvegarde prévu.  Il dénonce aussi la corruption du gouvernement précédent, qui a « laissé sans contrôle l'évasion fiscale » et le clientélisme. « Toutes ces injustices » ont contribué à approfondir la crise insiste-t-il. « Nous voulons lutter contre le règne des oligarchies et des cartels, contre la fraude et l'évasion fiscale, nous voulons moderniser l'Etat. Ce sont pour nous des priorités et nous attendons l'accord et le soutien de nos partenaires sur ces priorités », affirme M. Tsipras face aux eurodéputés. Aujourd'hui, « nous proposons de vraies réformes » déclare-t-il. Et d'ajouter : « Nous voulons trouver un compromis honorable pour éviter une rupture qui serait une rupture avec la tradition européenne. »

10h15 : Alexis Tsipras veut du changement « viable et durable ». Les propositions soumises se veulent crédibles mais avec moins d'austérité. Il insiste sur la nécessité de se donner la croissance comme premier objectif. Et pour cela, il souligne la nécessité de créer de l'emploi, soutenir les entreprises, et stimuler les échanges et le commerce. « Il ne faut pas de tabou », insiste-t-il. Tsipras insiste sur les solutions concrètes que le pays va présenter dans les deux prochains jours. Le Premier ministre grec est applaudi. 

10h10 : Alexis Tsipras s'adresse au Parlement. Il dénonce le « cercle vicieux » dans lequel se trouve l'Union européenne et plus particulièrement la Grèce. « Ecoutez-moi d'abord, frappez-moi ensuite », lance-t-il. Des pancartes « non » sont lancées dans l'hémicycle. Le plan de sauvegarde est activé depuis cinq ans, rappelle-t-il, bien que lui-même ait pris les rênes du pouvoir depuis cinq mois seulement. Il tente de rassurer le Parlement : « La Grèce a fait des efforts. Ces efforts n'ont pas été faits uniquement en Grèce mais aussi par d'autres pays. Mais dans aucun autre pays, le programme d'austérité n'a été aussi long et aussi dur. Nous sommes devenus un laboratoire de l'austérité. »

10h00 : Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, s'exprime en second. Il tient un discours rassembleur. Il souligne « les ruptures de solidarités nombreuses », en prenant l'exemple des migrants, et insiste sur la nécessité « d'approfondir l'union économique et monétaire ».

9h55 : Alexis Tsipras fait son entrée au Parlement à Strasbourg. Il est accueilli par ses soutiens qui l'applaudissent. Donald Tusk, le président du Conseil européen, prend en premier la parole.

8h40 : Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, est alarmiste. Il s'est exprimé ce mercredi matin sur Europe 1 et a pointé la menace « de chaos » en Grèce, où « l'économie est au bord de la rupture », si Athènes et ses créanciers échouent à trouver un accord sur le renflouement du pays. « L'économie grecque est au bord de la catastrophe, il faut absolument un accord dimanche prochain, c'est le dernier délai, après il sera trop tard et les conséquences seront graves », a-t-il déclaré.

8h30 : Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a déclaré ce mercredi matin sur France 2 qu'un accord avec la Grèce était « possible » et « nécessaire ». Mais pour cela, la Grèce doit présenter des propositions de réformes crédibles aux yeux de ses partenaires de la zone euro. « Un " Grexit " serait terrible », a-t-il déclaré, mettant en garde contre les « conséquences historiques » d'une sortie d'Athènes de la monnaie unique.

Au sujet de l'ultimatum posé à Athènes par la zone euro pour trouver un accord d'ici la fin de la semaine, Pierre Moscovici s'est montré optimiste, affirmant avoir vu un débat mercredi à Bruxelles « qui pour la première fois a été à la hauteur des enjeux ». Et d'ajouter : « Tout le monde est mobilisé, tout le monde avec le même objectif qui est que la Grèce reste dans la zone euro. »

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