« Tsipras gagne du temps », constate Le Parisien. « Alexis Tsipras joue avec les nerfs des Européens », soupire Le Figaro. Le Figaro qui s’agace : « Au lieu de siffler la fin de ce jeu de dupes, Angela Merkel, François Hollande et leurs homologues ont décidé d’accorder un délai supplémentaire à la Grèce. Il ne leur en coûte rien, sinon un peu de fierté. Aucun d’eux ne veut assumer le mauvais rôle dans le scénario d’un Grexit qui pourrait s’amorcer dès dimanche. C’est plus étonnant de la part d’Alexis Tsipras, relève Le Figaro, au moins à première vue. Il y a péril en la demeure et il joue la montre. Étrange, à moins que… son véritable objectif soit de sortir la Grèce de l’euro. Si c’est le cas, il aurait pu le dire plus tôt… »
Le Canard Enchaîné détend l’atmosphère avec ce grand titre : « Avec le Grec, on s’en Zorba ! », une phrase imaginaire d’Angela Merkel, allusion au film Zorba le Grec qui mettait en scène un Grec plutôt exubérant et inconstant, interprété par Anthony Quinn. Ce qui suscite encore à l’hebdomadaire satirique cette remarque : « Le nouveau ministre des Finances de Tsipras s’appelle peut-être Euclide, comme le père de la géométrie, mais le Premier ministre grec reste, lui, un adepte de la géométrie très variable. C’est dire que, pour que trois points de vue, grec, allemand et français, finissent par se rencontrer, ce n’est pas forcément gagné. »
En fait, analyse Libération, « le gros point d’achoppement entre les parties, c’est l’effacement partiel de la dette ou sa restructuration. La Grèce souhaite des engagements fermes et formels au sujet de sa dette, puis éventuellement discuter de réformes supplémentaires. Les Etats membres de la zone euro, eux, veulent plutôt qu’un programme d’aide, accompagné de réformes importantes, soit d’abord adopté et discuté à Bruxelles, avant d’évoquer toute restructuration de la dette. »
Et puis, au sein même de l’Union, « les membres de l’Eurogroupe, eux, sont divisés au sujet de la dette, relève encore Libération. Le Luxembourg a déclaré que " toutes les options devaient être examinées ", y compris une discussion sur l’allégement de la dette. Les Pays-Bas, la Slovaquie, voire l’Allemagne (même si la position d’Angela Merkel n’est pas claire) y sont a priori opposés. Quant à la France, elle veut " un accord global et durable ", rappelle une source française, ce qui signifie " qu’une restructuration fait partie de la solution ". »
En attendant, L’Humanité jubile : « Le peuple hellénique a mis en échec les fomenteurs du coup d’Etat financier qui devait renverser le gouvernement Tsipras. (…) La crise qui secoue la construction européenne ne met pas en opposition la Grèce aux autres Etats, mais les forces sociales qui refusent les cures d’austérité aux docteurs Diafoirus du libéralisme, partout en Europe, en France y compris. »
Enfin, attention ! avertissent Les Echos, la crise grecque n’a pas que des implications économiques mais aussi géopolitiques : « Une sortie de la zone euro de la Grèce infligerait un sévère revers au projet européen dans son ensemble. Car la conséquence est évidente : voir l’Europe sortir de cette crise encore plus affaiblie », au profit de la Russie.
Et puis, « il existe un autre risque majeur, pointent encore Les Echos. La situation géographique de la Grèce en fait un point de passage pour des centaines de milliers de clandestins fuyant par la Méditerranée la Syrie et d’autres pays du Sud. Or, la Grèce est membre de l’espace Schengen. (…) Bien sûr, la fin de l'histoire n’est pas écrite. La Grèce peut encore rester au sein de la zone euro et de l’Union européenne. Chacun en connaît les conditions et le prix. Mais, à l’évidence, concluent Les Echos, l’hypothèse d’un Grexit est un défi stratégique autant - sinon plus - que financier. »
Que vaut le bac ?
A la Une également : le baccalauréat, dont les résultats ont été connus hier, avec cette lancinante question : le bac est-il dévalué ?
Oui, répond Le Figaro. « D’année en année, les mêmes constats se font jour : consignes de notation " bienveillante " à l’adresse des correcteurs, notamment dans les académies qui n’ont pas été de " bonnes élèves " à la session précédente, indulgence sur les fautes d’orthographe et l’expression. La semaine dernière, le ministère a dévoilé, pour le baccalauréat 2016, un projet permettant aux candidats malheureux de conserver leurs bonnes notes pour la session suivante. Un moyen encore de gonfler le taux de réussite. Et de laisser à l’université le soin de gérer les flux, déplore Le Figaro.Ouverte à tous les bacheliers, celle-ci laisse s’opérer une sélection par l’échec. Seuls 30 % d’étudiants valident ainsi leur licence en trois ans et près de 40 % en quatre ans, selon une note ministérielle d’août 2014. »
« Et si on supprimait le bac ? », s’interroge Sud Ouest. « Car avoir le bac, en soi, ne suffit pas. Il faut ensuite trouver la bonne fac, la grande école qui convient, la prépa adéquate. Cela suffit tellement peu que quelques grandes écoles (comme Sciences Po Paris) font passer leur concours d’entrée avant la date du bac, comme si celui-ci n’était qu’une simple formalité. (…) Avoir son bac ne suffit plus ; c’est une mention, si possible flatteuse, qu’il faut décrocher. Seulement voilà, tempèreSud Ouest: le bac est devenu une sorte de rituel, un sas de passage vers l’âge adulte. Affronter un oral, plancher quatre heures sur un sujet, est une chose. Mais consulter avidement la liste des reçus, crier comme un damné en apercevant son nom, appeler les parents et prononcer les mots magiques : " Je l’ai ", avant d’aller faire la fête dans les espaces publics, voilà aussi ce qu’est le bac. Voilà pourquoi il sera sans doute aussi difficile d’y renoncer que de revenir sur la Fête de la musique ou sur les bals du 14 Juillet, ces autres traditions du début de l’été. Félicitations quand même aux heureux élus, avec ou sans mention. »
Il n’y a qu’à se servir…
Enfin, incroyable… « Qui a volé les explosifs et les grenades de l’armée ? », se demande Le Parisien. En effet, incroyable, « hier, rapporte le journal, 180 détonateurs, 50 grenades, 70 bouchons allumeurs et 10 pains d’explosifs ont été volés sur la base de Miramas, où sont entreposées les munitions des régiments qui partent en opérations extérieures. » Tout cela en pleine période Vigipirate… « Deux grillages de l’enceinte - qui fait presque sept kilomètres de circonférence - ont été cisaillés sans déclencher la moindre alarme sur cette zone de 400 ha. »
Incroyable encore, note Le Midi Libre, « sans doute gêné, le Premier ministre s’est fait tout petit. Pas de montée en première ligne du ministre de l’Intérieur. Ni du ministre de la Défense. Encore moins du grand chef des Armées ! (…) Vigipirate veille sur nous. Mais pas sur les munitions de l’armée ! Ce raccourci saisissant, conclut Le Midi Libre, nous prouve que la France flirte avec le danger permanent. »