Face à Merkel, Hollande tient-il son rôle sur le dossier grec?

En pleine négociation sur l'avenir de la Grèce, à quel point François Hollande pèse-t-il vraiment sur le dossier grec ? Selon un sondage, les Français auraient davantage confiance en Angela Merkel pour sortir de la crise actuelle entre la Grèce et les autres pays européens. A droite et à l’extrême gauche, certains députés remettent en question la stature du président.

Le couple franco-allemand était sur toutes les lèvres dans les couloirs du palais Bourbon. La crise grecque a réveillé une vieille querelle. Qui de François Hollande ou d'Angela Merkel pèse le plus dans les négociations ?

Pour l'opposition, cela ne fait aucun doute, la crise grecque révèle l'effacement de la France à Bruxelles. « Il essaie d’assurer une médiation mais cela fait longtemps que nous n’avons plus le poids que nous avions du temps de Nicolas Sarkozy au sein de l’Union européenne. Il ne pèse pas du tout, il n’est même pas dans le side-car conduit par Angela Merkel », estime le député Les Républicains du Vaucluse Julien Aubert.

De l'autre côté de l'hémicycle, pour la gauche de la gauche, François Hollande ne peut être « spectateur » d’un probable « Grexit ». A la tribune mercredi, André Chassaigne, président du groupe Front de gauche, insistait : pour lui, il faut que la France s'engage à ne pas faire sortir la Grèce de la zone euro : « Il vous revient de rappeler que la France n’hésitera pas à opposer son veto à toute tentative d’exclusion de la zone euro. »

Dans la majorité, on tempère. Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, assure que « le président de la République est aujourd’hui en renfort du couple franco-allemand. Y voir le contraire, c’est une nouvelle fois un défaut d’analyse. »

Un président en renfort pour les uns, inaudible pour les autres. A droite mais aussi à gauche, beaucoup reprochent à François Hollande de ne pas s’être exprimé solennellement sur la Grèce. Pour le président français comme pour les autres dirigeants européens, le temps presse pour trouver une issue à la crise grecque. Un nouveau sommet européen se tiendra dimanche.

Le dilemme berlinois

Mais outre-Rhin, on ne se préoccupe pas vraiment de savoir qui de la France ou de l'Allemagne mène le jeu. L'enjeu est bien ailleurs. Ne pas jeter par-dessus bord les principes défendus depuis le début de la crise d'un côté. Mais éviter à tout prix, d'un autre côté, d'être rendu responsable d'une sortie de la Grèce de la zone euro qui traduirait un échec d'Angela Merkel. Tel est le dilemme auquel est confronté aujourd'hui Berlin, rapporte notre correspondant sur place, Pascal Thibaut.

Le gouvernement allemand rechigne à faire des concessions à Athènes. Interrogés, les responsables énumèrent les très stricts critères à remplir pour que la Grèce bénéficie d'un plan d'aides dans le cadre du Mécanisme de stabilité européen. Et une restructuration de la dette constitue notamment un chiffon rouge pour Berlin.

Les médias, à commencer par la presse populaire, sont très remontés contre le gouvernement Tsipras. Un quotidien populaire, Bild, a réclamé la fin immédiate des négociations. Les députés conservateurs, qui devraient se prononcer en cas de nouveau plan d'aides, sont tout aussi critiques. « Je ne connais pas un seul collègue qui estime que les conditions sont réunies pour de nouvelles aides », a déclaré un ancien ministre d'Angela Merkel.

Un échec des négociations éviterait à la chancelière d'être désavouée par une partie notable de ses troupes. Mais un « Grexit » symboliserait en même temps l'échec de la politique européenne des dernières années d'Angela Merkel.


■ Nicolas Sarkozy appelle au compromis

L'ancien président de la République française considérait la semaine dernière qu'en convoquant un référendum, Athènes était sorti de l'euro. Mercredi soir, sur TF1, Nicolas Sarkozy a fait machine arrière, en appelant au compromis, comme François Hollande :

« Tout doit être fait pour trouver un compromis. Je partage ce point de vue exprimé par monsieur Valls et par monsieur Hollande. Mais il y a une ligne rouge. C’est que le compromis qui doit être trouvé ne doit pas détruire la crédibilité des 18 autres pays membres de la zone euro. Aujourd’hui, il n’y a que des mauvaises solutions, il faut le dire aux Français. La moins mauvaise étant de trouver un compromis acceptable. Trouver un compromis non-acceptable, c’est, par exemple, une solution où on demanderait aux Européens de prêter de l’argent à la Grèce en plus, sans exiger en contrepartie un certain nombre de conditionnalités, un plan avec des réformes. Parce que la Grèce a une dette, la question aujourd’hui est de savoir si cette dette va continuer à augmenter parce que ce gouvernement d’extrême gauche refuse de faire les réformes que les autres en Europe ont fait. »

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