Ukraine: retour sur les heures qui ont précédé l'accord

L'accord trouvé ce vendredi 21 février prévoit une élection présidentielle anticipée, un retour à la Consitution de 2004 limitant les prérogatives du chef de l'Etat et un gouvernement d'union nationale. L'opposition a signé ces propositions. Plus tôt dans la journée, les négociations étaient encore «dans une phase délicate», selon le chef de la diplomatie polonaise, Radoslav Sikorski.

Article mis à jour régulièrement

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch annonce une présidentielle anticipée. L'opposition a accepté l'accord.Celui-ci prévoit la formation d'un gouvernement d'union nationale, promet une réforme constitutionnelle avec des pouvoirs présidentiels réduits (retour à la Constitution de 2004 d'ici à septembre), et la tenue d'élections présidentielle et législatives à une date restant à fixer.

Plus tôt dans la journée

Le chef de la diplomatie polonaise, Radoslav Sikorski, a annoncé sur Twitter que les négociations étaient toujours dans une « phase délicate ». Il serait en route avec son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier pour rencontrer les militants de la place Maïdan et leur présenter les grandes lignes négociées dans la matinée avec le président Ianoukovitch. Un peu plus tôt le ministre polonais, dont le pays est très impliqué dans les négociations en vue d'une sortie de crise, a tenu à préciser que « toutes les parties devaient avoir en tête qu'un compromis » ne pourra « pas satisfaire tout le monde à 100% ». Laurent Fabius avait également prôné la prudence avant son départ hier soir pour Pékin. Il avait souligné que « rien n'était définitif ».

Sur le terrain. Après une nuit de répit, des tirs ont été entendus dans le centre de la

capitale, ont rapporté ce matin des journalistes de l'agence Associated Press. De son côté, le ministère ukrainien de l'Intérieur a accusé des manifestants d'avoir ouvert le feu vendredi matin sur des policiers en essayant de percer les cordons en direction du parlement.

Globalement, si la situation reste très tendue à Kiev, le calme règne, doublé d'un scepticisme certain, a noté notre envoyée spéciale, Anastasia Becchio. Sur la barricade érigée à quelques centaines de mètres du Parlement, il n’y avait aucun signe de violence en milieu de matinée. Des manifestants casqués font le guet, sur cette barricade où se consument des pneus et où un épais nuage de fumée se dégage.

Quoi qu’il arrive, les manifestants ne sont en tout cas pas disposés à quitter la place de l’Indépendance et les barricades des environs ont été remontées à la hâte hier et sont consolidées en permanence. Un peu plus loin, les Berkout, ces unités de la police anti-émeute particulièrement redoutées par les manifestants, sont en alerte, près des bâtiments administratifs.

A relire: les évènements du matin

Au Parlement même, la session, en revanche, est très mouvementée. Les députés doivent examiner la réforme de la Constitution censée réduire les pouvoirs présidentiels. Dans la matinée, les députés en sont venus aux mains. Le président du Parlement a bien du mal à faire respecter le calme. La tension est montée d'un cran supplémentaire lorsque les députés ont été informés que des policiers armés avaient fait irruption dans le Parlement. L'opposant Arseni Iatseniouk est alors monté à la tribune pour demander au président du Parlement de faire évacuer ces hommes au plus vite.

« Nous avons voté hier la levée de l’opération anti-terroriste », a-t-il rappelé. Le vice-président du Parlement a, de son côté, a affirmé que les policiers avaient maintenant été repoussés, qu’ils avaient quitté la Rada.

Des renforts venus de province. La police n’a pas chargé cette nuit. Il y a eu quelques déflagrations sporadiques, et les manifestants ont reçu des renforts : des hommes arrivés de province, qui expliquent avoir tout lâché pour accourir ici lorsqu’ils ont vu les images du déchainement de violences d'hier dans les rues de la capitale ukrainienne : « Nous nous battrons jusqu’à la victoire », disent ces personnes arrivées par autocar de Lviv, jusqu’au départ de Viktor Ianoukovitch.

Le président Ianoukovitch semble de plus en plus isolé. Les médias ukrainiens rapportent en effet que plusieurs députés de son parti, le Parti des régions, se sont envolés des deux aéroports de Kiev. Parmi eux, le vice-président de la Rada, le Parlement ukrainien.

Selon un député d’opposition, les deux fils du président se seraient eux aussi envolés de Donetsk. Les soutiens du régime semblent de moins en moins nombreux. Avant-hier, le président avait limogé le chef d’état-major des armées, qui avait critiqué l’usage de la force contre les manifestants. Cette fois, c’est le chef d’état-major adjoint des forces armées ukrainiennes, le général Iouri Doumanski qui a démissionné, selon une agence de presse ukrainienne. Il entend, dit-il, protester contre l’implication des militaires dans un conflit civil.

Partager :