Les « chasses à l'homme » organisées contre les étrangers par des sympathisants d'extrême droite dimanche dans les rues de Chemnitz, dans l'ex-RDA, puis les violences qui ont marqué lundi soir un nouveau rassemblement d'environ 6 000 d'entre eux - dont plusieurs ont défilé en faisant le salut hitlérien - constituent un choc pour l'Allemagne.
La chancelière Angela Merkel les a officiellement condamnées ce mardi, en estimant que cela n’avait « rien à voir avec l’État de droit ». « Nous avons des enregistrements vidéos qui montrent des attroupements, des chasses à l’homme, des démonstrations de haine dans la rue, tout cela n’a pas sa place en Allemagne. Cela a déjà été dit hier au nom du gouvernement et je ne peux que le souligner encore une fois. Il ne doit pas y avoir de tels débordements sur aucune place et dans aucune rue. »
« La police a bien sûr tout mis en œuvre, avec responsabilité, pour mettre fin à ces violences et éviter qu’il y en ait d’autres, a insisté la chancelière allemande. Mais je trouve juste et important que le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer ait officiellement proposé l’aide de la police fédérale à la région de Saxe pour ramener de l’ordre et du calme et faire respecter la loi. Si jamais la Saxe en avait besoin. L’État est prêt à la soutenir sur ce dossier, pour que nous puissions garantir l’État de droit. »
Faible mobilisation à Dresde
Une nouvelle manifestation prévue mardi après-midi à Dresde cette fois, ville proche de Chemnitz et capitale de l'État régional de Saxe, n'a rencontré que peu d'écho.
Les sympathisants d’extrême droite étaient en effet peu nombreux - une centaine tout au plus - à s’être réunis à partir de 15h devant le parlement régional de Dresde. Ce même parlement où l’AfD doit arriver au pouvoir à l’issue des élections régionales de l’an prochain, estime Roland, interrogé par notre envoyée spéciale sur place, Nathalie Versieux.
Ce comptable de 54 ans est présent à toutes les manifestations de l’AfD, excédé par « les avantages » dont bénéficieraient les réfugiés « quand nous, nous n’avons rien ». « Un Allemand qui travaille doit se contenter de 400 euros par mois pour vivre et, eux, c’est leur argent de poche », affirme-t-il, les yeux cachés par des lunettes de soleil.
La police patrouille en bateau sur l’Elbe tandis qu’à l’autre bout de la place, l’université de Dresde a mobilisé quantité d’étudiants et d’activistes de gauche. A Dresde, où le mouvement anti-Pegida mobilise chaque semaine des centaines de personnes, la mobilisation de l’extrême droite s’est déroulée pacifiquement. Mais le Land, qui a voté à 27% pour l'AfD en septembre dernier, est aussi en tête pour le nombre des agressions contre des étrangers et les incendies contre des foyers de réfugiés.